Monika Karbowska
Il fait nuit noire lorsque je me lève à 4 heures. Il ne fait pas très froid. L’air sera lourd dans la journée, avec des nuages s’amassant et la pluie tombera en trombe le soir, dégageant pour le 28 octobre un ciel pur et nettoyé. Mais je dois attendre presque 5 heures dehors, jusqu’à l’ouverture des grilles néogothiques à 9 heures. Malgré la clémence de la météo anglaise, on est néanmoins fin octobre et le petit matin porte en lui une humidité persistante et désagréable. J’ai emporté une couverture sur laquelle je peux m’asseoir, mon manteau, mon chapeau et laissé mon ordinateur dans le coffre-fort de l’hôtel.
Sera-t-il suffisant d’arriver devant les Royal Courts à 4h45 ? Je retiens mon souffle en longeant la High Commission australienne de Melbourne Place. En 5 minutes je contourne l’église St Clement le Danois, le patrons des marins de la Tamise mais aussi celui des pilotes de la RAF qui sauvèrent l’Angleterre de l’invasion nazie, les statues des chefs de la RAF, Sir Arthur Harris et le baron Dowling sont entourés de palissades devant l’église[1] . Les rues sombres sont désertes, je m’approche de la ruelle Clement Ins qui sépare la London School of Economics du complexe des Royal Courts of Justice. Personne en face des grilles, je presse le pas et je m’installe au pied de la grille séparant les lourdes portes en bois de la rue.
C’est alors que je remarque un homme allongé sur un banc en béton faisant face à la porte de gauche de la cour. Il ne m’a pas vue passer, puis constatant que je suis la première à m’installer devant la grille centrale, il se hâte de me rejoindre. Celui que j’ai pris pour un clochard s’avère être Eric, le plus vieux militant du groupe des « Greekemmies ». Je le salue et nous engageons la conversation. Eric me parle en Français car il est Suisse. Je lui offre mes fruits secs et mes gâteaux car il a visiblement passé la nuit à attendre dehors et j’ai de la compassion pour son abnégation à moins que ce ne soit un travail. En effet, Eric me parle peu de sa vie, mais je comprends vite qu’il ne coule pas une retraite paisible mais doit faire de grands efforts pour avoir un revenu malgré son âge. Qu’il soit payé pour chauffer la place des autres ne m’étonne plus guère. D’ailleurs, il restera ici dans la queue toute la matinée, dehors puis dedans, jusqu’à 10h30 mais ne verra pas Julian Assange ni n’assistera au procès : en bon serviteur il cédera sa place à Christophe Deloire, Rebecca Vincent, puis John Shipton et Stella Morris.
Il restera ce matin mon unique compagnon d’attente jusqu’à ce que l’aube se lève doucement, vers 6 heures. Alors les photographes et cameramans de Russia Today et Sputnik installeront leur lourd matériel sur le bord du trottoir en face de nous. Je reconnais le visage de certains. Le show médiatique autour de Julian Assange commence tôt. Petit à petit la rue s’anime, des bus rouges passent, les cafés des petites maisons en face s’allument et des gens passent sur le trottoir en direction du métro Aldwych d’un côté et en direction de la City de l’autre. Nous sommes en effet à l’extrême limite du territoire de la City of London Corporation et de la Cité de Westminster, le vrai cœur de Londres.
La troisième personne à se présenter devant la grille est une jeune fille blonde mince vêtue d’une robe noir, aux cheveux décolorés sous un béret « panthère » et au rouge à lèvres vermillon de style « grunge ». Elle est aimable, se présente comme étant de Reporter sans Frontières puis parle longuement et volubilement à Eric. Elle semble pétrie d’émotion et son discours semble décousu. Elle n’est pas politisé et ne raconte que des anecdotes de soirées festives. Par moment je me demande si elle n’a pas fumé des joints avant de venir. Cependant elle ne cherche pas à me pousser hors de ma première place et mon expérience me dit que c’est déjà un signe d’une grande gentillesse.
D’ailleurs, elle sera la seule de toute leur bande à s’occuper de la santé du doyen Eric : elle lui apporte un café chaud dès que les bars ouvrent, elle le soutiendra physiquement pour qu’il puisse tenir devant la porte de la salle 4 jusqu’à 10 heures 30. Mais pas plus que lui, malgré son panneau « Free Julianism » ( ?)qu’elle me laisse photographier, elle ne prendra le droit d’entrer dans le Saint Graal. Elle a chauffé la place aux « vraiment importants », Rebecca Vincent, Christophe Deloire, les 3 Allemands, Fidel Narvaez.
Vers 6 heures arrive une jeune femme blonde de petite taille, ressemblant comme une sœur cadette à Rebecca Vincent. Elle se présente d’ailleurs comme son assistante quand je la salue. Au départ très aimable, son visage se fermera une demi- heure plus tard lorsque Christophe Deloire lui expliquera qui je suis. D’ici là elle installe une couverture, des cafés et des biscuits devant la grille à ma droite. J’aurais bien besoin moi aussi d’un café chaud mais je sais que je ne peux sous aucun prétexte quitter ma place sous peine de perdre l’unique chance n’entrer dans les lieux.
Elle non plus, malgré son dévouement n’aura pas le droit d’entrer dans la galerie du public pour voir Julian Assange.
Ce privilège sera réservé à Fidel Narvaez qui est le quatrième à se présenter un peu après 6 heures. Mais je sais malgré le fait qu’il échange quelques mots avec moi, un peu surpris de me voir quand même, et malgré la discussion sur la règle du premier arrivé premier servi » (je persiste à rappeler que j’étais la première devant la grille, arrivée à 5h45), je suis consciente que tout cela est bien trompeur. Je suis seule face à des gens hostiles que je ne connais que trop bien, ils vont profiter des places chauffés par Eric et par les jeunes pour essayer de m’évincer de la queue.
La nouveauté est la place prise par la langue française dans les échanges. Peu après en effet arrive un jeune homme classe de style « étudiant d’Oxford » coiffé d’un béret beige, un homme âgé aux vêtements élimés et une jeune femme brune en jean, manteau bleu marine et bonnet blanc.
A ce moment-là, le groupe assis autour des jeunes de Reporters sans Frontières parle Français. Je peux ainsi converser avec la jeune femme brune. Elle se présente comme Noémie Bonnafous, de Reporters Sans Frontières de Toulouse. Elle me dit qu’elle vient de la part de Christophe Deloire. Nous échangeons les impressions sur le passage de la frontière covidienne et nous sommes d’accord sur notre joie de vivre une vie normal ici à Londres, en grand contraste avec la situation difficile dans notre pays.
Je lui présente Wikijustice et ma présence au procès d’Assange à presque toutes les audiences depuis septembre 2019. Nous échangeons même nos profils Facebook[2]. Son site Linkedin mentionne son travail pour RSF mais son profil Facebook, suivi pourtant par 1200 personnes, est curieusement vierge de toute information politique.
Je lui demande si elle travaille pour Rebecca Vincent. Avec un peu de hauteur elle me répond « Rebecca est notre collègue mais c’est Christophe Deloire le chef». Son profil professionnel indique qu’elle est stagiaire chez lui.
Mais elle non plus malgré son dynamisme n’aura pas le droit de voir Assange à l’intérieur du bâtiment.
Le temps s’écoule lentement. Alors qu’Eric s’allonge sur ma couverture, le groupe de photographes en face de nous est de plus en plus fourni. Leur objectifs sont braqués sur la porte, c’est-à-dire sur nous qui attendons. Vers 7 heures arrive Jamie. Il est tout content de voir Eric et lui raconte la mauvaise nuit qu’il a passé dans ce que je devine être un refuge pour SDF. Je salue Jamie mais lui me regarde d’un air mauvais. Il n’a pas oublié notre bataille pour les rares places de Old Bailey en septembre 2020 et me traite comme son ennemie. Je dois encore souligner que oui, cette fois ci j’étais là avant tout le monde, même avant Eric. Jamie se couche par terre à côté d’Eric et pendant un temps les deux hommes se racontent des histoires de logements collectifs précaires qui me donnent de plus en plus à penser que tous les deux sont en vérité des clochards.
Peu après le show se met en place : Jamie et un autre homme aux cheveux gris disposent les pancartes « Free Assange » directement sur la grille du tribunal, posent devant les photographes celles-ci en main, puis décorent les grilles de longs rubans jaunes canari qui donnent à la manifestation l’allure, à mon avis déplacée, d’une joyeuse kermesse.
Vers 7 h30 un grand Allemand blond à l’écharpe orange discute avec les filles de Reporters Sans Frontières, puis un trio d’Allemands, deux hommes et une femmes arrivent. Je saisis en les écoutant qu’ils doivent être diplomate. D’ailleurs, le visage d’un d’eux, un trentenaire roux avec petite barbe, lunettes, manteau noire et écharpe beige, me semble familier depuis septembre 2020 à la Old Bailey. Son collègue est grand, chauve et plus âgé. Mais c’est sans hésitation la femme qui est leur cheffe. Elle est mince, brune aux cheveux courts, veste, pantalon, chaussures et sacs à dos noirs de style grunge. Elle fume beaucoup aussi. Ce trio sera le plus important parmi les présents de ces deux jours d’audience et n’aura aucun mal à entrer dans la galerie du public pour voir le « procès », malgré leur arrivée tardive.
Tous ces jeunes et ces vieux qui font le pied de grue dans le froid depuis 6 heures ont servi à leur garder la place.
A 8 heures il fait jour, notre présence sur le trottoir gène les nombreux passants qui se pressent pour aller au travail. Le trafic automobile sur la Strand Street est intense. L’air est plus doux mais une pluie fine commence à tomber. Je me lève pour attendre sous ma capuche. Je suis de plus en plus fatiguée mais il faut tenir.
Il y a de plus en plus de monde dans la queue. Une femme brune de forte corpulence à la robe noir imprimée en blanc s’avérera être encore une Allemande, le trio d’Allemands de l’Ambassade discute avec Fidel Narvaez tandis que Noémie Bonnafous nous mitraille de photos et que les deux jeunes blondes de RSF sont plongées l’une dans son téléphone l’autre dans un miroir de poche.
Puis c’est John Rees qui se pointe devant moi pour parler avec les journalistes présents. Le sachant grand maitre d’œuvre de ce show, (comme pendant le Forum Social Européen de 2004 dont j’ai retrouvé la documentation chez moi !) je crains qu’il ne cherche à m’évincer car je ne suis pas prévue dans son décor[3]. Il supervise l’installation d’une estrade devant la porte gauche du tribunal ou un groupe de musiciens prend place.
Je suis toujours surprise que les institutions anglaises permettent ce genre de choses, le blocage d’une porte de tribunal par un concert et un panel de discours politiques. John Rhees a l’air de n’avoir aucun problème à obtenir ce genre d’autorisation de la police et de la Cité de Westminster pour mener à bien la médiatisation du show « Free Assange ».
Le garçon roux à l’écharpe orange discute tout près de moi avec Fidel Narvaez. En fait il est Suisse, s’appelle Daniel Reiser et a été envoyé par Angela Richter qui ne tardera pas à venir aussi. Greekemmies et ses proches apparaissent tardivement et installent un stand de vente de produits comme à une kermesse.
Un peu plus tard j’échange à nouveau avec Noémie Bonnafous. Je suis frappée par son assurance alors qu’elle me dit être la première fois de sa vie à Londres. Lorsque je lui dis qu’il n’est pas certain qu’Assange va être présenté à la cour, elle affiche un sourire entendu et déclare « Il sera là car Christophe Deloire sera là. C’est lui sait ce qui va se passer ».
Je ne bronche pas, je me contente de lui dire que j’ai croisé son patron à la Woolwich Court où nous avons fait la queue le 24 février 2020, journée crucial du grand show de l’extradition, à une époque où on pouvait observer Julian Assange pendant 8 heures en chair et en os à défaut de pouvoir entendre ce qu’il dit. Je lui rappelle que plus personne n’a pu prendre une seule photo d’Assange depuis les photos volées de ce jour (dont une faite par une de nos amies). Noémie ne me dévoile pas plus mais son sourire entendu en dit long sur le rôle de son patron dans l’affaire. Je sais qu’il est important. N’a-t-il pas été l’auteur de cette surprenante déclaration à l’ensemble de l’équipe de Wikijustice « Vous voulez tous nous mettre le box des accusés » ?
Son livre « Sexus politicus » m’a dévoilé un homme très bien informé des turpitudes sexuelles des gens du pouvoir, aussi bien hétéro qu’homosexuelles. La lecture de son récit provoque en moi un malaise, tellement la détention de telles informations pourrait représenter le risque d’un chantage permanent.
Enfin Christophe Deloire arrive, barbe et cheveux grisonnant, chemise bleue et pantalon gris. Il est bientôt 9 heures, j’ai bien compris que les jeunes filles de RSF vont céder leur place à l’homme important qu’il est et qui n’aura jamais besoin de faire la queue dans le froid. Je le salue et il me rend mon bonjour, un peu froid. « Wikijustice ? Oui, je me rappelle bien de vous ».
Mais je ne suis pas venue pour échanger des mondanités d’autant plus que, contrairement à lui, je dois toujours lutter pour entrer, d’autant plus que Rebecca Vincent les rejoint bientôt, bottes à talons et masque sur la bouche. Bientôt la grille va s’ouvrir, je dois être prête.
A 9 heures un agent de sécurité âgé déverrouille la grande grille et nous salue. Je ne fais plus attention aux autres. Je marche rapidement vers la porte sous la voûte, je pénètre dans l’entrée ou je retrouve le détecteur de métaux avec d’autres agents, retraités ou proches de la retraite également. Ils m’indiquent aimablement la salle 4 à droite au premier étage tandis que mon sac passe sans encombre. Lorsque je fonce vers la salle 4 au fond du sombre couloir à voûte néogothique, devant la lourde porte en bois dont les vitres sont masqués pas un épais rideau vert ,se tiennent déjà l’Allemande brune et corpulente, une jeune homme qui se présentera comme étant d’Amnesty International et … Joseph Farell avec son costume voyant que je n’ai pas vu du tout arriver, comme s’il avait déjà passé la nuit à l’intérieur du bâtiment.
Ou dois-je aller ? Ou se trouve l’entrée du public ? Je suis indécise, il n’est que 9 heures, le couloir est fait le tour de la grande nef principale et il est très lui-même assez large. Tous les 30 mètres des recoins sont aménagés avec des bancs et des tables en bois. L’ensemble n’évoque pas une cour de justice, mais l’Angleterre nous a habitués à toutes sortes d’endroits étranges où se déroule « l’affaire » Julian Assange.
Devant la porte un panneau d’affichage mentionne « Courtroom 4, United States of America versus Julian Assange ». Il n’y a pas de caméra visible mais je n’ose pas photographier la feuille.
Brusquement un autre personnage entre en scène. C’est un homme black d’une quarantaine d’année, à la corpulence moyenne, habillé d’un pull et d’une veste quelconque, le visage assez rond. Ses yeux sont par moment hagards, je me demande s’il n’est pas fou. Et surtout je ne sais pas comment il a fait pour se retrouver devant tout le monde alors qu’il n ‘a pas fait la queue dehors ! Personne cependant n’a l’air d’oser lui dire quoi que ce soit, comme s’il faisait partie de la mise en scène. Il se colle à la porte de la salle 4, et annonce « c’est bien ici le jugement de Julian Assange, je connais bien les lieux ».
Je ne comprends pas toujours ce qu’il dit, mais je saisis que son Anglais n’est pas celui d’Oxford, sans toutefois d’accent caribéen trop prononcé. Qui est-il ?
Je ne sais pas mais je ne peux pas lui permettre de me ravir la place. Je lui colle aux basques aussi en signifiant doucement que « first arrived first served (premier arrivé, premier servi), pas de liste, je suis ici depuis 4h45 ». Je concède juste la place à Eric, le vieil homme qui effectivement, était là aussi même un peu avant moi. Eric est toujours là, mais il est chancelant, la jeune fille de RSF le soutient. Autour de moi, Rebecca Vincent ne cache pas son hostilité en me jetant des coups d’œil assassins. Elle discute avec Christophe Deloire qui se tient juste derrière moi mais s’abstient de me pousser. Enfin, Fidel Narvaez attend entre l’homme black surgit de nulle part, les 4 Allemands (Le trio de l’Ambassade et la femme brune corpulente) et John Rhees. A coté de lui, il y a Angela Richter qui a l’air d’avoir encore maigri depuis février 2020, Daniel Reiser le Suisse et un homme à la barbe blonde et longs cheveux blonds qui s’avérera être un député irlandais Mick Wallace.
L’ambiance est la même que d’habitude : tendue et surchauffée, tout le monde est fatigué. Je me demande tristement si je vais pouvoir voir Julian Assange, entrer dans la salle, alors que je suis celle qui a fait le plus d’efforts pour être ici.
Plus de 20 personnes font donc la queue devant la salle 4. La tension monte aussi parce que l’homme black raconte longuement qu’il a une expérience des tribunaux, qu’il vient pour un procès, qu’il sait ce qui se passe ici… On dirait un homme qui s’est trompé de salle, qui est fou et croit sincèrement que c’est son procès qui va s’ouvrir. C’est ainsi que les autres le traite, comme un intrus fou. En l’absence de la moindre autorité nous sommes obligés de patienter encore plus d’une heure stockés comme ça devant une porte, sans plus aucune « distanciation sociale » chère au covid.
A peine arborons nous les masques que les agents de l’entrée nous ont contraint à vêtir.
Petit à petit on voit des mouvements derrière la porte vitrée de la salle 4. J’aurais bien aimé voir si Assange est là…
Brusquement jeune femme indienne apparait et dit que l’entrée est du public c’est la salle N°1. Narvaez indique où il faut aller : au fond du couloir il faut encore traverser un vestibule puis tourner à droite. La porte de salle 1 est une espèce de grille devant des escaliers en colimaçon en pierre menant à ce qui ressemble à une descente vers des oubliettes sombres. On se croirait dans un château fort lugubre.
Nous nous retrouvons tous serrés devant cette grille en fer, dans ce qui est une cage d’escalier jouxtant la salle 4. Je suis en face de la grille, bien décidée à ne pas lâcher ma place, l’homme black m’ayant cependant repoussée et il se tient devant moi. A ma gauche Eric a cédé la place à Christophe Deloire et Narvaez, à ma droite Rebecca Vincent me pousse pour m’éjecter de la file. Je soupire et je regarde à droite : la salle 4 est visible par une vitre. On distingue les lourds rideaux verts et un mobilier de bois foncé.
Ou sont donc les avocats d’Assange ?
Un jeune métisse surgit brusquement on ne sait d’où, il pousse Rebecca Vincent et tente de prendre sa place. Derrière lui je vois un couple de jeune Asiatiques (des journalistes ?) beaucoup plus calmes.
J’ai l’impression que l’homme black est là pour faire diversion, nous (me ?) provoquer et créer des tensions afin de m’empêcher d’entrer. Il convient donc de rester calme. Il provoque effectivement une altercation avec Rebecca Vincent qui lui dit qu’il n’a pas à « squeezer » la queue, qu’il n’était pas le premier. L’homme lui répond de façon désagréable, agressive et vulgaire. Elle lui dit qu’il est sexiste et que ces propos n’ont pas sa place ici. Rebecca le pousse, lui la pousse aussi. Comme elle est à ma gauche et lui devant moi, je risque de faire les frais de leur pseudo dispute. Je ne dis rien, je persévère à ma place en observant ses yeux fous d’un air ironique.
Il se tourne alors vers moi : « J’ai habité au 1 Hans Crescent Street, en face du 3. J’ai tout vu ce qui s’y est passé ». Je réponds « oui oui, il a dû se passer des choses là-bas ». Il me scrute et puis continue sans accrocher mon regard : « Savez vous ce qu’il y a dans cet immeuble à côté de l’Equateur » ? Je réponds doucement : « Je sais. La Colombie ». Il confirme : « Assange a habité tout près de la Colombie ». Qui est cet homme ? Veut-il réellement me dire quelque chose ou joue-t-il simplement un rôle dans cette pièce ?
A ce moment là tout d’accélère. La toute jeune femme indienne en robe noire arrive, elle est si jeune qu’on dirait une adolescente. Elle est flanquée de deux agents de sécurité en chemise blanche et pantalon noir, un Indien corpulent et un grand rouquin barbu. Je jurerais les avoir déjà vus à la Westminster Court.
Elle nous pousse, déverrouille la grille. Je ne veux pas me laisser faire, mais alors ce sont les deux hommes qui me repoussent assez brutalement, ce qui permet à Rebecca Vincent, l’homme noir, le jeune métisse, Fidel Narvaez et Christophe Deloire de s’engouffrer dans l’escalier des oubliettes.
Je proteste à haute voix :« Mais je suis là depuis 5 heures ! J’étais la première vous voyez bien ! Pourquoi me repoussez-vous ?! Je représente Wikijustice une association française de défense des droits de l’homme » !
Les deux agents de sécurité me barrent l’entrée de tout leur poids, puis me repoussent en disant : « Yous vous ne rentrerez pas ».
« Pourquoi » ? Je crie, mais surtout je mets en marche mon téléphone pour avertir notre équipe pour qu’ils soient témoins de ce qui se passe. Alors à ma droite surgissent les silhouettes massives de Kristinn Hrafnsson, John Shipton, Vaughan Smith puis Stella Morris. Shipton me pousse aussi, me regarde et me dit en souriant « you, you do not enter. Go away ». Je réponds avec force « Non ! J’ai le droit d’être là. Je viens pour témoigner de la situation de Julian Assange ».
Après Shipton, Vaughan Smith et Morris, les agents de sécurité font entrer les 20 personnes qui se trouvent derrière moi et me repoussent toujours ! Je finis seule devant la grille en fer fermée ! Je parle à un collègue de Wikijustice qui est donc par haut-parleur témoin de ce procédé totalement indigne d’une vraie cour de justice.
Je proteste encore une fois « Pourquoi vous ne voulez pas me laisser entrer » ? La jeune employée répond d’un ton agressif « seulement la famille et les amis ».
Je ne me laisse pas faire « Ah bon ? Qui est la famille de Julian Assange ? Les diplomates allemands peut-être que vous venez de faire entrer ? Christophe Deloire ? J’ai autant de droit que lui d’entrer ici car je représente comme lui une association française de défense des droits de l’homme. Et plus, j’ai attendu depuis 5 heures du matin pour pouvoir entrer et lui est arrivé très tard. Pourquoi le laisser vous entrer et pas moi ? La règle de justice est celle du premier arrivé. Nous sommes égaux. En quoi lui serait-il plus proche d’Assange que moi ? Et puis, qui décide » ?
Oui, qui décide justement. Je suis très choquée mais finalement pas si surprise. Je crie dans le téléphone « Tout cela est du cinéma, du théâtre, ce n’est pas une vraie cour de justice » !
Et comme ce n’est pas une vraie cour de justice, ce n’est pas la peine de me comporter comme si s’en était une. Je me plante donc devant la vitre qui sépare le vestibule des oubliettes de la salle 4 et je photographie l’intérieur, dans l’espoir d’y voir Assang. L’agent de sécurité barbu se tourne vers moi agressif, « donnez-moi la photo ». Je lui réponds « Vous n’avez pas le droit de me toucher. Appelez un agent de police. (Call a police officer )».
On va voir si ce tribunal est un vrai tribunal.
J’ai dû voir juste car il n’appelle personne.
Je reviens dans le couloir principal et face de l’entrée de la salle 4. Et qui je vois ? Georgina, la militante « qui entre tout le temps » avec sa mystérieuse carte blanche rayé de marron, qui ne fait jamais vraiment la queue et qui n’est pourtant pas très aimée de la bande à RSF/Greekemmies. Elle parle à la jeune stagiaire indienne agressive dans l’embrasure de la salle 4.
Je la salue et je me précipite désespérée vers elle : « S’il te plait, fait quelque chose, aides moi ! Ils me refusent l’entrée, alors que j’étais la première depuis 5 heures du matin » !
Georgina me toise, toujours dans ses costumes noir, ses cheveux en bataille. Ses yeux bleus vifs prennent un air sévère. Elle n’a pas l’air contente…
Et pourtant… Ca MARCHE ! Le barbu me fait signe de le suivre, j’obtempère immédiatement. Devant la grille de l’escalier de pierre j’éteins devant lui mon téléphone. Il ouvre la grille et s’efface. Je monte à perdre haleine, au premier étage l’escalier aboutit à un grand couloir lumineux comme un cloître donnant sur la grande nef. Salle 4, la galerie du public c’est à droite, vite… J’entre dans un immense balcon comportant 200 places, aussi vaste qu’un amphi de la Sorbonne ! Devant moi, une grande balustrade sépare la galerie du public de la salle de tribunal en contrebas.
Ou m’asseoir pour voir le mieux ? Pour voir Assange ? Je n’ose pas expérimenter diverses places et je m’assieds tout de suite à droite au milieu au deuxième rang. Au premier rang devant moi sont assis Stella Morris, John Shipton et le curieux homme black qui avait fait diversion. Ils ne me regardent pas. Je peux voir au-dessus leurs épaules.
Au premier rang à gauche sont assis Vaughan Smith, Hrafnsson, Narvaez, Deloire et sa collaboratrice anglo-britannique Rebecca Vincent, le trio d’Allemands, comme une étrange « famille » de Julian Assange. Le couple de jeune Asiatiques se tient un peu en retrait tout au bout de l’espace à leur gauche. Un jeune Allemand roux en pull rouge (je jette un coup d’œil sur son ordinateur, il écrit en Allemand) est assis dans la deuxième rangée, à mon niveau donc. Il n’y a pas plus de 20 personnes donc, largement la place de faire entrer 50 personnes, avec toutes les précautions covidiennes possibles…
Je me rappelle de l’ambiance étrange de la Woolwich Court le 27 février 2020 ou 4 hommes massifs comme des commandos figuraient la « famille » d’Assange : Hrafnsson, Narvaez, Shipton, Craig Murray… Murray semblait le seul ému par la situation et il a été remplacé par un Vaughan Smith à l’air absent. A l’époque Julian Assange n’avait surtout pas l’air d’avoir envie de leur parler quand il s’est redressé pour invectiver les présents et que la « séance » avait été suspendue puis ajournée sine die. Puis il y a eu le covid et on n’a plus jamais pu voir Assange en vrai. Sauf moi le 9 septembre pendant 20 secondes grâce à nos subterfuges.
Je scrute aussi l’homme black qui nous a fait tout ce cinéma devant la grille. Il observe la salle en contrebas attentivement et brusquement ne semble pas fou du tout.
Julian Assange à l’écran une dernière fois ?
J’observe la salle en contrebas de la galerie. Elle est très vaste. Son plafond au-dessus de nos têtes est composé d’une très belle verrière ouvragée à l’ossature en bois par laquelle un beau soleil d’un éclatant automne se fraye jusqu’à notre assemblée. Le mobilier est tout aussi austère qu’à la Old Bailey, épais rideaux rouges, lampes vertes sur de lourdes tables en bois sombre, fauteuils à hauts dossiers sculptés et rangées de livres à dos rouge à gauche et bleue à droite de la salle. L’ambiance est certes solennelle mais non point aussi étouffante que dans le bunker bouclé à double tour de la City à la Old Bailey. Il y a quelque chose d’un théâtre costumé irréel dans ce lieu. Les habits des juges, robes noires avec collerette blanche, perruque du 17 siècle confirment encore jusqu’à la caricature l’atmosphère de décor de film. Seul le masque noir sur le visage du second juge nous rappelle que nous sommes bien en 2021, dans l’antre de la dictature covidienne mondiale.
Je plisse les yeux pour bien m’imprégner du visage du juge principal, il écoute l’accusation déjà en place et ressemble à Timothy Holroyde en photo.
Le décor se présente en effet comme suit : en face de moi, une estrade surmontée d’une grande table et de 5 fauteuils à hauts dossiers, dont seuls deux sont occupés par Holroyde et son collègue. Ils sont assis sous l’emblème ouvragé de l’Angleterre, le fameux Lion normand et la licorne anglo-saxonne enchainée avec leur cri de ralliement « Dieu est ma Loi, honni soit qui mal y pense ».
En contrebas de l’estrade sont assis un greffier, une secrétaire, j’ai la nette impression de me retrouver en face de ceux qui ont déjà officié dans le cas Assange à la cour Westminster Magistrate.
Perpendiculairement à l’estrade s’étendent 5 rangées de tables avec leurs sièges. Assis de biais, le procureur et les avocats doivent donc tourner leur corps vers leur gauche pour faire face aux juges. Tout à gauche, en face de la fameuse porte ou Georgina et Farell ont pu entrer, (comment ? Pourquoi ? Pourquoi Georgina a la privilège d’entrer dans le saint des Saints ? Et qui est Farell ? En tant que « proche » de l’accusé il ne devrait bénéficier d’aucune mansuétude, or il possède une place de choix dans cette assemblée ?) la première rangée est occupée par 3 personnes qui prennent des notes, dont l’opulente Allemande brune à la robe noire et blanche qui parlait d’Amnesty International. On se demande pourquoi Amnesty a le droit d’entrer dans le Saint des Saints du procès d’Assange alors qu’ils ont plutôt noircit Assange depuis le début alors que Wikijustice, qui le défend depuis 3 ans, doit batailler pour avoir droit juste à un strapontin dans la galerie…
La deuxième rangée devant l’Allemande est occupée par 6 personnes, des hommes en costumes noirs, leur masque noir m’empêche de voir leur visages. L’extrémité des tables de la première rangée est garnie de bouteilles et de verres d’eau, celle de la deuxième rangée de dossiers, de cartons jetés en vrac comme dans une savante mise en scène filmique. La mise en scène rappelle celle de la Woolwich Court en février 2020 puisque PERSONNE ne va se servir de ces dossiers qui sont donc parfaitement inutiles.
La troisième rangée en face du juge est occupée par l’accusation : en me levant de mon siège je peux apercevoir le procureur en perruque qui parle debout et tourné vers le juge. Pour apercevoir Clair Dobbin et son assistante blonde il faut que je me lève de mon siège car elles sont cachées par la balustrade de la galerie.
Puis enfin, quatrième rangée de gauche ou deuxième de droite, j’aperçois Hamilton Fitzgerald, Florence Iveson et Mark Summers, tous en perruques. Je ne les entendrai pas beaucoup aujourd’hui.
Comme toujours, j’essaye à la fois de me concentrer sur les discours prononcés et de sentir et comprendre les enjeux réels de la cérémonie en observant minutieusement ses participants.
Au-dessus de la première rangée de table, tout à gauche de l’estrade est suspendu un assez grand écran. Pour le moment il est éteint. Derrière moi dans la galerie l’employée indienne revêche vérifie qu’on ne photographie rien. J’ai pourtant très envie de prendre une photo, cela me faciliterait la description des lieux, mais cela ne vaut pas le coup de prendre des risques avant qu’Assange ne soit visible.
Je me concentre donc sur Stella Morris assise dans la rangée devant moi, un peu en contrebas, ce qui me permet de bien voir ses agissements. Elle porte des vêtements neufs, une jupe vert sombre à mi-genoux, une petite veste noire, des collants noirs et des chaussures à talons noires. Dans ses mains, deux sacs : un petit sac à main noir à motif blanc et un sac en tissu bariolé jaune, noir et bleu contenant des documents. Son visage est couvert d’un épais masque FFP2 qui m’empêche de comprendre l’expression de son visage. Ses cheveux sont bruns avec des mèches décolorées, assez épais et en bonne santé.
Elle parait plus vive que l’année dernière, elle se lève souvent, sort de la galerie, puis revient, s’installe à nouveau. Parfois elle se lève pour mieux voir ce qui se passe en contrebas. Néanmoins elle ne parait pas très concentrée sur le procès. Et pour cause : elle tient dans la main quelques feuilles A4 stabilotées, qu’elle lit et relit comme si elle apprenait le texte par cœur. Je me penche un peu en avant et je comprends : c’est son discours de tout à l’heure qu’elle va prononcer face aux médias. Visiblement son apparition médiatique est plus importante que la présence ou l’absence de Julian Assange…Une fois son discours lu et relu, elle pianote sur son téléphone. Puis elle sort pour parler au téléphone. Je jette un coup d’œil très indiscret : sur son téléphone la photo Assange avec un bébé dans les bras, datant de 2013 ou 2014, la seule photo d’Assange avec un bébé publiée maintes fois par les journaux…
Elle n’a même pas une vraie photo personnelle d’Assange ni une photo personnelles de ses « enfants »…
Même moi qui ne connait Assange que de vue sans avoir pu lui parler, mais qui ait compulsé et téléchargé des centaines, des milliers de photos de lui trouvés au 4 coins d’internet, j’ai une photo plus belle, plus originale de lui sur l’écran de mon téléphone…
John Shipton est assis devant moi à droite de Stella Morris. Cependant il ne dialogue pas avec elle et ne lui prête pas attention. Ses cheveux sont longs et mal coiffés, sa barbe hirsute. Il a l’air absent comme d’habitude, à moitié endormi. Il porte une veste noir et son jean noir. Dans ses mains, un téléphone dans lequel il est plongé et sur lequel il pianotera quasiment en permanence tout à long de la journée sans même jeter un regard ni au juge, ni aux avocats, ni à Assange quand celui va apparaitre à l’écran. Je distingue un message de sa copine Sevim Dagdelen, absente pour le spectacle d’aujourd’hui.
A droite de Shipton se tient l’étrange homme black qui a fait le spectacle de l’entrée dans la salle tout à l’heure. Il a enlevé son blouson au-dessous duquel il porte un élégant costume beige et un tee-shirt noir. Son air fou disparait de son visage et il parait tout à fait censé. Il observe la salle et John Shipton en coin comme s’il le surveillait. De temps en temps il se tourne à moitié et me regarde droit dans les yeux.
Je lui rends son regard tout en essayant de saisir ce que dit l’accusation et le juge. Ce n’est pas facile. Je suis loin, il n’y a pas de micros et j’ai un peu perdu la main en ce qui concerne l’Anglais juridique depuis ma dernière audience à la Old Bailey le 4 janvier 2021. J’entends qu’il est question de « special circumstances ( circonstances spéciales)», de « section 2, 3 et 4 » dans les documents, du « district judge »… Je crois comprendre, sans savoir qui est l’auteur exacte de cette affirmation que Julian Assange « voulait comparaitre mais on ne lui a pas permis ».
Puis le procureur enchaine sur les «risques de suicide de Julian Assange » et se lance dans ce que je crois être une analyse caractériologique de notre pauvre ami otage.
Je m’agite sur mon siège. Que faire ? C’est alors que l’homme black se tourne vers moi et me dit doucement « be patient » (« soit patiente »).
Je retiens mon souffle.
Le procureur continue à gloser sur les « special conditions » comme si le droit commun ne s’appliquait pas à Julian Assange. Je m’irrite quand je l’entends affirmer que la Cour Européenne des Droits de l’Homme aurait autorisé l’isolement des malades psychiatriques. Certes, la CEDH n’est pas un bon outil de défense de nos droits car elle permet l’arrestation de malades d’alcoolisme et de drogue mais cette interprétation extensive de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg est bien abusive !
L’homme noir s’assoupit brusquement, Christophe Deloire succombe aussi au discours soporifique du procureur et je le vois mettre sa tête entre ses bras. Vaughan Smith et Hrafnsson paraissent comme hypnotisés par ses paroles, le regard fixe noyé dans le vague, par contre leurs paupières bougent en permanence.
J’ai le droit d’être encore plus fatiguée qu’eux, car je suis sur pieds depuis 4 heures du matin, mais je dois résister.
Quelqu’un s’assied derrière moi mais je n’ose me retourner pour le regarder. Je calcule la dimension de la galerie : 100 mètres de large au moins, pas moins de 200 places réparties en 3 rangées de bancs en bois verni, à raison de 60 places par rangée, je les compte pour tromper mon envie de dormir. La galerie se trouve à 10-15 mètres au-dessus de la salle en contrebas. A droite de la salle je vois une espèce de cage avec des barreaux.
Aucune émotion ne filtre sur le visage masqué de Stella Morris penchée sur son téléphone. Puis elle se lève et s’en va vers la rangée de gauche pour discuter avec Kristinn Hrafnsson. Alors l’homme black se réveille, enlève sa veste beige et s’en va. John Shipton s’agite un peu. Moi aussi je commence à trouver le temps long : pourquoi Julian Assange n’est pas là? Pourquoi ne le montrent-ils pas ?
OU EST ASSANGE ?
Le procureur continue à gloser sur le « régime qui va être imposé à Assange ». Il souligne qu’aucune preuve n’a été donné que sa santé « psychiatrique » sera affecté. Les mots « mentally ill », « mental illness » (maladie mentale), «risk of suicide (risque de suicide » » sont martelés avec une sorte de délectation. On dirait qu’ils se réjouissent d’avance de la torture qu’ils feront subir à Assange et veulent nous faire partager leur jubilation perverse. La seule variation du discours est « l’isolement », l’enfermement qu’on fera subir à Assange et comme il est déjà habitué depuis des années, ce n’est pas trop grave si « on » continue à l’enfermer ailleurs après extradition.
Je commence à ressentir la nausée à l’écoute de ce discours pervers, je réfléchis aux techniques à employer m’extraire de son influence hypnotique tout en entendant suffisamment pour prendre des notes.
Brusquement, l’homme black revient et se rassied à sa place. Son absence a duré 15 minutes. John Shipton est toujours impassible sur son téléphone, mais Stella Morris est plongée dans l’étude de photos que lui montre sur son ordinateur l’Allemand au pull rouge.
Il est 11 heures 10. L’écran s’allume. J’y distingue un mur bleu, une chaise rouge et une table blanche. Je vois alors un homme s’asseoir devant la table sur la chaise. Je ne vois donc que la moitié de l’homme, de la taille à la tête mais aussi l’écran est coupé au milieu, ce qui fait que le côté gauche du corps de l’homme est coupé.
Il porte des cheveux blancs raide tirés en arrière, un espèce pull beige sans col comme celui que portait Christine Sands lors de notre conversation sur zoom le 11 septembre[4]. Avec autour du cou il a quelque chose qui ressemble à une cravate noire, un collier ou un chapelet. Pour finir, la moitié de son visage est mangé par un grand masque noir, ce qui empêche de reconnaitre ses traits, sa barbe, sa bouche.
Parfait covid pour cacher ce que nous ne devons pas voir !
A part la pâleur des cheveux et de sa peau, rien ne peut réellement me prouver que cet homme est Julian Assange, d’autant plus que je suis trop loin pour distinguer ses yeux.
Stella Morris interrompt son travail avec l’Allemand et se penche quand même un peu pour mieux voir l’écran. John Shipton quant à lui s’en moque et reste sur son téléphone. Les juges et les greffiers en contrebas, dans la salle se servent du thé.
Alors j’abandonne un moment le ronronnement du discours pseudo-juridique pour me concentrer sur l’études des lieux et celles des gestes de l’homme pour déterminer si c’est bien le Julian Assange que nous connaissons.
Derrière « Assange » se trouve une porte vitrée, on y voit du mouvement. Des gens passent et repassent, ils portent une tenue clairs, on dirait un couloir d’hôpital surchargé.
Le « Julian Assange » que je vois lève les yeux vers le haut, puis lève la main et se touche les yeux, le front… Son geste est gracieux, comme celui de l’homme que je connais de la Westminster, de la Woolwich Court et de la Old Bailey. Cela peut être le même homme.
Vers 11 heures 20 il a toujours ce même geste de regarder vers le haut. Voit-il quelque chose de notre salle ? Voit-il la galerie en hauteur ? Comment savoir comment la caméra est agencée ?
Son visage pale est rond, le masque glisse sous son menton, il a l’air moins mal qu’il y a un an. Il regarde attentivement ce qui se passe. Je vois ses mains fines et blanches, les manches de sa chemise sont à moitié retroussées. Mais pourquoi garde-t-il ce masque hideux ? Pourquoi la cravate , si c’est une cravate et pas un collier chapelet? Julian Assange n’a jamais porté de cravate et je sais, pour l’avoir vu enlever la chose avec impatience, qu’il a horreur des masques covidiens.
Il regarde encore vers le haut, puis en bas, tousse, s’essuie la bouche, se penche, mais toujours avec cet air détaché, un peu ironique en regardant le spectacle.
Parmi l’assistance de la galerie du public il n’y a que moi et l’homme black qui paraissons troublés par la présence de Julian Assange à l’écran. L’homme en effet n’est plus survolté, il écoute et regarde très attentivement, puis il met des lunettes. Ses gestes paraissent plus vifs que ceux des autres !
En effet, Christophe Deloire et Rebecca Vincent ne regardent pas Assange, je crois voir qu’ils sont assoupis. Vaughan Smith a l’air de s’ennuyer, quant à Hrafnsson, il est parti. L’Allemand au pull rouge sort avec son ordinateur, puis revient et se rassied à côté de Stella Morris. Ils travaillent ensemble sur un site sur lequel je distingue la sacro-sainte formule « donate » ! Donnez de l’argent !
Alors que des femmes en blouse blanche s’approchent de la porte vitrée qui se trouvent derrière Assange, les avocats dans la salle en contrebas regardent leurs mails et le procureur continue à marteler comme un mantra « Mr Assange’s mental health would deteriorate » (la santé de M. Assange va se détériorer), « suicide or not suicide » ? » « risk of suiciding ». Pas un mot d’une activité politique d’Assange mais uniquement la psychiatrisation permanente, dont il faut se souvenir qu’elle fut choisie comme stratégie par ses « avocats ».
C’est assez dur d’entendre à CHAQUE phrase les mots « suicide », « va se suicider » avec toujours cette argumentation sans aucune issue possible : s’il est intelligent il va déjouer tous les dispositifs anti-suicide, et donc on peut l’extrader sans crainte pour le faire mourir à petit feu. Et s’il est bête, alors il va se suicider car il ne tiendra pas. Dans tous les cas, il meure, mettez vous ça bien dans la tête !
Comment les faire tous sortir de ce délire pervers, de leur hypnose qui vaut la manipulation covidienne dans laquelle le monde a été plongé par la caste dominante depuis 2 ans bientôt ?
A 11h30 John Shipton sort. Stella Morris finit de travailler avec l’Allemand, regarde de temps en temps en bas, se replonge dans son discours qu’elle modifie quelque peu, puis revient à son téléphone.
Je vois à un moment donné Julian Assange passer sa main dans ses cheveux, je reconnais ses gestes familiers. Puis il se penche à droite et donc je ne vois que son visage, les yeux et le masque. Il parait plus las. Alors il met sa main sur sa main droite sur sa joue et soutient ainsi sa tête. Au moins je peux voir son bras long et fin, son geste délicat. Son visage reste penché mais ses yeux s’évadent vers les hauteurs.
Je fais de grands efforts pour mieux voir, mais hélas je me trouve à au moins 20 mètres de l’écran… Je n’ose pas trop me lever, car je sens que la femme assise derrière moi me surveille. Elle tape quelque chose à l’ordinateur. Je jette un coup d’œil néanmoins pour m’assurer que ce n’est pas Jennifer Robinson. En effet, celle -ci a disparu de la séance d’aujourd’hui.
Il est 11h40 quand l’homme black se lève, fait un geste de « pouce levé » à Stella Moris et s’en va. Il ne reviendra pas. Celle-ci le suit peu après.
Julian Assange se lève, je crois qu’il va partir, mais non, il s’assied à nouveau. Personne ne le regarde d’ailleurs sauf moi. Fitzgerald est en train de donner des documents au procureur. Un jeune homme aux cheveux noirs entre et s’assied à ma droite (il y a donc des places et les gardes chiourme peuvent faire entrer des spectateurs !). Stella Moris revient à sa place à 11h55, John Shipton peu après aussi.
Stella Moris continue de bouger, elle va vers Vaughan Smith, son acolyte allemand change de place, me bouche la vue et je dois glisser à droite sur banc pour voir Julian Assange. Elle regarde les photos, ne regarde pas Assange, puis se replonge dans la lecture. Puis elle tousse fortement dans son masque, comme une asthme. Elle doit sortir, puis revient à nouveau et ressort à 12h05.
Des gens défilent toujours dans la porte vitrée derrière Assange. Où qu’il soit, le lieu a l’air d’être une grande collectivité pleine de monde. Une collectivité… psychiatrique ?
Il n’est question que de psychiatrie dans le discours du procureur, de son avocats et de son juge. Comme sa « capacité à résister au suicide existe toujours », on peut l’extrader. Est-ce qu’un « mental ill » (malade mental) se suicide automatiquement ? Vaste question Monsieur ! Et la seule d’ailleurs posée dans ces lieux… Ces juges, avocats et procureurs oublient juste que dans la Loi on ne juge pas un malade mental, on le libère pour le soigner !
Rien qu’à les entendre gloser ainsi, c’est une vrai torture psychologique.
Je le vois toujours la paume dans sa joue, scrutant mélancoliquement l’écran (nous ?). Il a les yeux enfoncés dans les orbites. Puis il est 12h20. Je le vois se lever d’un air décidé comme s’il en avait assez de voir le spectacle. Il s’efface par une porte restée cachée. A nouveau la salle au murs bleus, au siège vermillon et à la table basse blanche, comme une salle d’attente d’une clinique est vide. Elle le restera.
Mais moi je m’attends à ce qu’il revienne, même si je me dis que ce sera bientôt la pause midi. Je dois aller aux toilettes et quand je reviens à 12h25 il n’est toujours pas là. Personne ne fait de commentaires, chacun vaque à ses occupations. Deloire n’est plus là. Shipton correspond avec Sevim Dagdelen sur Whatsup qui lui raconte que c’est compliqué de venir de Berlin. Stella Morris revient aussi à 12h25 avec Hrafnsson et ils reprennent leur place sans commentaires. On dirait qu’Assange décide peut décider du moment quand il peut apparaitre et quand il peut partir, ou plus exactement on dirait qu’il doit aller manger à heure fixe comme à l’hôpital et donc il s’éclipse du spectacle morbide qui continue sans lui : « deterioration of mental health, suicide, medical evidence non constitued »… (détérioration de sa santé mentale, suicide, la preuve médical non constitué…)
Encore une fois nous avons droit à une présentation des dispositifs anti-suicide qu’Assange va habilement déjouer pour se suicider puis l’avocat, le procureur et le juge dans le même élan soulignent la « détermination d’Assange à mourir »… Répétition sans fin de la même torture qui fait penser à ce que le criminel Klaus Barbie la main sur le coeur disait de Jean Moulin dans son fameux « testament » de 1989 publié par son avocat Jacques Vergès, pour convaincre les Français que ce n’est pas lui qui aurait ni torturé ni tué Jean Moulin: « Il est un récidiviste des tentatives de suicide »[5]… J’ai l’impression qu’on veut nous faire avaler ici l’ignoble manipulation des nazis qui ont maquillé depuis 80 ans l’assassinat des Résistants français Jean Moulin et Berthy Albrecht en 1943 en un si évident suicide…
Pour ne pas entrer dans leur torture mentale, je note d’une main tout en pensant à autre chose.
Tiens, pendant mon incursion aux toilettes au premier étage j’ai vu que les couloirs de la vénérable institution sont très différents à midi de ce qu’on a vu à 9 heures… Il y a de vrais gardiens en uniformes qui escortent de vrais justiciables, des juges et des avocats en robes qui discutent entre eux, des gens qui s’affairent partout, le personnel des cours, les familles, le public… Je réfléchis qu’on se trouve dans cette salle loin de là ou les vrais affaires se passent, on est isolé. D’ailleurs, c’est anormal que ce couloir à la galerie au deuxième étage est fermée, puisque le public accède librement aux autres salles. Et puis ou sont passé les 30 personnes qui attendaient le matin ? Ils sont tous partis, je ne vois que les protagonistes du show médiatique !
Enfin, c’est fini, il est presque 13 heures. Tout le monde se lève dans la salle en bas et l’employée indienne nous somme de sortir. Je suis tellement épuisée que je n’ai pas envie de m’éterniser. J’ai le pressentiment qu’Assange ne réapparaitra pas et que je n’ai pas besoin de revenir l’après-midi. Mon ressenti s’avèrera juste.
Je descends l’escalier de pierre vers la galerie du premier étage, puis je traverse derrière d’autre personnes la grande salle à la nef néogothique. Les agents de sécurité nous indiquent la grande porte voûtée par laquelle nous allons sortir sous les yeux des centaines d’appareils photos et des puissantes caméra des dizaines de médias rassemblées en meute devant les grilles. Une grande sortie très storytelling devant la foule de manifestants, exactement comme celles qu’Assange avait effectuées en 2011 et 2012…
Juste avant de regagner la porte, je croise Georgina qui me précède. Elle me reconnait et m’engueule avec son accent pointu d’Oxford « Pourquoi tu m’as parlé ?» Elle a le visage mauvais, mais j’ai l’impression que c’est une pose. Est-ce la lassitude, je fais profil bas : « Ne m’en veux pas, j’étais désespérée ». Elle me regarde d’un air sévère : « Tu t’imagines que j’ai une quelconque influence sur ce qui se passe ici » et elle secoue la tête. Pour moi son attitude est un aveu. « Dis-moi est-ce que c’était bien Assange. On pouvait difficilement le reconnaitre ».
Elle hoche la tête « Definitly, c’était lui ».
Et on sort par la grande porte, aveuglées par le soleil. Derrière elle et derrière Rebecca Vincent, ma sortie est photographiée. J’ai l’impression de faire partie du film. Je prends moi-même une photo de notre sortie en fanfare.
Je rentre dans ma chambre me reposer. Aurais-je la force de ressortir pour 14 heures ?
Après un rapide repas et un bref débriefing, je m’aperçois que je n’ai pas le courage de courir pour être avant les officiels du show Assange, passer les portiques de sécurité, les portes en bois, les grilles en fer des escaliers néogothiques… Je suis seule, mes forces sont limitées. Je réussis à revenir devant la grille principale vers 15 heures.
La fête bat son plein : les ridicules rubans jaunes qui décorent la grilles claquent au vent et encadrent la grande banderole « No extradition journalism is not a crime » ! (le journalisme n’est pas un crime. Il faut encore le préciser ?), un concert de musique irlandaise a lieu sur l’estrade plantée devant la porte, sous un barnum on vend des trucs à l’effigie d’Assange, de Wikileaks et du journalisme… A propos de pseudo-journalisme, une centaine de photographes, caméramen, plumitifs divers, dont le matériel sophistiqué et coûteux est inversement proportionnel à leur curiosité professionnelle, tuent le temps à écoutant le concert, avant le pouvoir mitrailler de photos la pauvre Stella Moris qui va leur délivrer telle une pythie de foire le discours insipide qu’elle a appris par coeur ce matin en s’ennuyant dans notre galerie.
Je n’en peux plus de ce folklore burlesque qui contraste tant avec la violence que j’ai vécue derrière les murs ce matin et que personne sauf moi ne vas évoquer.
Pour entrer à nouveau, je devrais me heurter à Rebecca Vincent, à Deloire, à Shipton, à la stagiaire indienne revêche, aux prolos en uniforme d’agents de sécurité pétris de leur importance factice… Je déclare forfait ce soir. D’ailleurs dans moins de 2 heures ce sera fini et j’ai la quasi-certitude qu’Assange ne reparaitra pas. Je ne me trompe pas.
Alors je retourne vers mon rapport et le soir je rencontre des amis militants dont le parti marxiste a organisé un débat sur Assange dans une salle un peu au nord de la London School of Economics. J’arrive un peu après le débat, je les cherche dans les restaurants asiatiques du quartiers tous plein, puis je les rejoins dans un grand pub très anglais aux grandes tables en bois et énormes pintes de bière. Le lieu est plein de jeunes, ils hurlent littéralement leurs joie d’être ensemble après des mois d’oppression covidienne, dans le brouhaha général on ne s’entend plus parler ! Mais moi je suis heureuse d’entendre ce bruit tonitruant de la vie et de la joie qui contraste tant avec le linceul de la destruction de toute convivialité spontanée en France. Je revis, je reviens vers 2019, vers la vie normale, même si je sais qu’elle ne sera plus comme avant car trop de crime ont été commis depuis par le régime.
Mes amis me rassurent d’ailleurs sur la situation britannique : pour elles le peuple a montré sa résistance au régime et le gouvernement de Johnson s’appuie sur les manifestations contre la dictature covidienne pour sortir de l’impasse. Je n’ai pas à craindre de contrôle de la quarantaine, je peux simplement ignorer les SMS menaçants reçus du National Health System, la Sécurité Sociale, me sommant de faire mes tests PCR. Ces SMS sont aussi peu légaux que les appels de la CPAM ordonnant aux Français de se constituer en « cas contact covid ». Il vaut mieux ne pas répondre au téléphone masqué ou numéro inconnu mais nul n’a l’obligation de posséder un téléphone ni de répondre à des appels. Vous voulez me joindre ? Envoyez-moi un courrier recommandé avec votre convocation Madame.
Le reste de notre conversation porte sur la géopolitique mais aussi sur les affaires de pédocriminalité des élites corrompues pour laquelle il existe des témoins et des victimes en Angleterre comme en France, et l’affaire Epstein Maxwell le montre amplement, mais il faut encore lutter afin que des témoignages direct puissent faire tomber les pervers puissants.
En rentrant je suis témoin d’une scène qui me montre à quel point le cerveau des Français de classe moyenne a été lavé par la propagande covidienne de Macron.
J’ai déjà remarqué que dans la joyeuse ambiance de ce quartier de théâtres et de spectacles, les Français sont les seuls à porter des masques, on finit par les reconnaitre à l’aide de cet accessoire covidien. Ainsi je me retrouve à un moment donné dans l’ascenseur qui remonte les voyageurs de la profonde station Covent Garden à l’air libre sur la place. Il y a plusieurs familles avec enfants, car ce sont les vacances scolaires et les théâtres affichent de nombreux spectacles pour enfants. Dans l’ascenseur, une famille d’Anglais venus de province, tous souriants et détendus, dialoguent avec leur petite troupe d’enfants qui crient et rient. A côté d’eux et de moi, un couple avec deux enfants de 5-7 masqués, silencieux et renfrognés : des Français. Brusquement, une petite fille s’échappe avant que l’ascenseur ne démarre et entreprend de remonter l’escalier à pieds.
D’après ce que je comprends, elle le fait par défi sportif ou jeu, mais sa mère lui courre après en l’appelant, sans toutefois lui faire de reproche. Tout le monde rit dans l’ascenseur. Tout le monde, sauf la famille française qui affiche un air terrifié comme si le covid aller sortir tel un diable du corps de la jeune exubérante.
Ni elle ni aucun Anglais ne porte de masque, moi non plus. Le petit Français de 7 ans se met à rire aussi et veut faire part de sa joie à sa mère, mais celle-ci lui tire le bras et lui ordonne d’une voix sans réplique « mets ton masque !!! ». L’enfant se tait et remet sa muselière terrorisé. Voilà l’exemple de gens stupides qui ont tellement intériorisé une oppression grotesque que même très loin de la source de l’oppression, ils n’arrivent pas à être libres et à supporter la liberté des autres. Et surtout, ils sont prêts à détruire la liberté et la joie de vivre de leurs propres enfants… Quelle misère !
Pour clore le chapitre covid, dans le joli foyer de mon hôtel, meublé avec goût et dont l’ambiance en soirée est celle d’un club d’étudiants et d’intellectuels de gauche (les affiches et les photos des années 40-50 sur les murs expliquent que ce fut le premier club de la communauté indienne et que s’y réunissaient les militants historiques pour l’indépendance) je fais la connaissance de mon voisin de chambre, un jeune black originaire de Manchester.
Il vient à Londres pour un entretien d’embauche et nous discutons donc de la situation économique et politique de nos pays. Il est impressionné que je sois venue pour Assange, me parle avec respect de la lutte des Gilets Jaunes, et m’assure que pour lui aussi, comme pour tant de gens, le covid est une invention de la bourgeoisie néolibérale pour encore plus opprimer et spolier le peuple de ses ressources et de sa liberté ! Mais l’arnaque des labos est cousue de fil blanc et le peuple ne se laissera pas faire ! Il ne faut surtout pas avoir peur de la quarantaine qui est illégale !
C’est toute revigorée par ses paroles que j’entame une bonne nuit pour être prête avant l’aube à livrer la bataille du deuxième jour.,
[1] St Clement Danes – Wikipedia
[2] Noémie Bonnafous | LinkedIn
Noémie Bonnafous (facebook.com)
[4] « Christine Ann Sands » ou « General Sands » est le pseudonyme d’une personne ou d’un groupe de personne qui possèdent les noms de domaines des sites internet au nom de Julian Assange dont celui de DOCUMENTARY – Julian Assange: 2010-2022 (julianpaulassange.com) et celui de CIA MKUltra – The True Story of Julian Assange
Ce « General » publie des quantités d’informations sur Julian Assange en affirmant que celui-ci en tant que personne est un otage de la « mafia Rotschild Mounbatten Windsor » tout en étant un « agent du MI6 et de la CIA ». Elle dit aussi diriger un « documentaire » sur Julian Assange et publie des informations sur les « élites » mondialistes, les crimes des services secrets anglo-américains, la problématique de la pédo-criminalité et du satanisme dans les « élites ».
Wikijustice a alerté les autorités et le publics sur son existence dans notre 15ème demande de Libération et sur sa situation probable d’otage, plus exactement comme il (ou elle, le genre de la personne n’étant pas clair) le dit lui même « un orphelin volé », (Stolen orphan) sans identité.
General Sands possède aussi l’adresse mail julian@julianassange.com
Par ailleurs, mon dialogue avec cette personne est cordial, constructif et amical.
[5] Etablir une bibliographie de la Résistance est une affaire complexe. Ici je ne recommanderais que les livres qui m’ont le plus aidé à comprendre la situation et à … tenir psychologiquement la dure année de la guerre covidienne de 2020-2021
Daniel Cordier, « La République des Catacombes », tomes 1 et 2, Folio histoire 2011
Michel Cailliau Charette, « Histoire du Mouvement de Résistance des Pirsonniers de Guerre et Déportés ou d’un vrai mouvement de Résistance, 1941-45 », 1987
Mireille Albrecht, « Berthy », Robert Laffont, 1986
Berty la grande figure féminine de la Résistance – Mireille Albrecht – Achat Livre | fnac
Pascal Convert, « Daniel Cordier, son secrétariat, ses radios », Librinova, 2021
Daniel Cordier, son secrétariat, ses radios – Pascal Convert (librinova.com)
l’excellent blogueur de Cluny
les Cagoulards après la guerre
Berty Albrecht : le sacrifice du matin (28) – Cluny – histoires d’Histoire (cluny-histoiresdhistoire.com) -infos tres intéressantes sur qui est Mitterrand les Gouze
Gérard Chauvy, « Aubrac Lyon 1943 » – publié en 1997 par Robert Laffont, le livre a finalement été interdit suite aux procès en diffamation de 1998 à 2004 que Raymond Aubrac a intenté à l’auteur et à l’éditeur après que Barbie ait affirmé dans un texte donné à son avocat Jacques Vergès que Raymond Aubrac, Résistant que le gestapiste en chef de Lyon a torturé lui même, eut été un « agent » à leur solde. Sans cautionner les accusations perverses de Barbie, on ne peut comprendre la situation de la Résistance et le nazisme en France si on s’interdit de lire ce que Barbie a écrit dans son texte à Vergès avant sa mort, alors que la seule et unique instruction sur la mort de Jean Moulin venait enfin d’être ouverte en septembre 1987. L’instruction a été si lente que 5 ans plus tard le juge n’avait réalisé qu’une seule audition de Barbie quand celui ci décède en décembre 1991. Le livre de Gérard Chauvy est le seule à avoir eu le courage de publier, avec une critique, le texte final du nazi Barbie.
Aubrac – Lyon 1943 de Gérard Chauvy – Livre – Decitre
Le 28 octobre 2021 au « Musée National de la Justice »
Je me lève encore très tôt et à 5 heures je suis en face de la grille des Royal Courts of Justice. Il n’y a personne, pas même le vieil Eric et c’est mauvais signe. Bien sûr, le deuxième jour il y a toujours moins de monde que pour le lancement médiatique, mais lorsque les « initiés » ne se déplacent pas, c’est souvent parce qu’ils savent qu’Assange ne sera pas là.
Mais moi je ne suis pas initiée, je suis une citoyenne normale et je n’ai pas d’autre choix que devoir vérifier si Assange sera présent. Vers 7 heures le commando de Russia Today se pointe avec ses puissantes caméras, ses trépieds, ses sièges avec le même grand garçon roux, vêtu de sa veste en cuir verte, écharpe assortie, pantalon beige et chaussures de montagnes neuves. Il a une vraie dégaine d’Allemand, il n’a rien d’un Russe.
Peu après c’est Fidel Narvaez qui me salue et me demande si je suis la première… Oui ! Il me propose aimablement de m’apporter un café alors que les établissements en face sont déjà ouverts. Ce n’est pas de refus car j’ai très froid. Il m’apporte la boisson, refuse ma monnaie et reste comme ça debout à côté de moi sans me parler. Peu après arrive le jeune rouquin, mi étudiant mi « titouchka »(garde-place en ukrainien) qui gardait la veille la place pour le Suisse Daniel Reiser. L’ambiance est plus détendue qu’hier, nous échangeons nos impressions sur le discours soporifique du procureur.
Il fait jour, la rue s’anime, les gens se dépêchent se retrouver leur travail, à la City, dans les Université, les cabinets d’avocats du Inner Temple tout proche. A 8 heures c’est Greekemmy qui arrive et bientôt toute sa bande. Elle salue Fidel et me salue aussi. Elle est reposée et souriante, bien coiffée, elle règne sur son petit monde. Je dois avoir l’air épuisée car elle me demande ironiquement si j’ai fait bon voyage de France, allusion non voilée aux obstacles covidiens que le régime jette sur ma route et dont elle est bien sûr consciente. « Excellent » -je réponds crânement « Si tu es vacciné il n’y a pas de problème » !
Jamie emboite le pas à Greekemmy pour se moquer de moi, de ma course folle de la veille pour trouver la salle 4. Je coupe court « Quand on est debout pendant 5 heures on finit par avoir besoin de toilettes ». La bande Greekemmy se met un peu à l’écart pour discuter laissant Jamie faire le guet allongé par terre entre les pancartes à coté du jeune rouquin.
La jeune fille au cheveux blonds décolorés et rouge à lèvre vermillon porte aujourd’hui un pantalon serré à petits carreaux. Daniel Reiser avec son écharpe orange vient discuter avec Fidel et puis se sont les Allemands qui se rassemblent, le rouquin barbu, le grand chauve et la femme brune à la cigarette. Peu après je reconnais Angela Richter. Mais ni Christophe Deloire ni Noémie Bonnafous ne seront là. Je l’avais croisé hier dans mon hôtel et elle m’avait dit son intention de rentrer en France.
Il y a toujours beaucoup d’Allemands et aussi des Suisses dans l’affaire Assange. En réalité aucun Anglais et pas davantage d’Américains.
L’armada de journaliste est bien en place, je reconnais la jeune fille blonde à la chemise blanche qui était du Center for Investigative Journalism et avait fermement resquillé dans la queue le 6 janvier devant la Westminster Court. Les amis de Greekemmy installent aussi une tribune entourée de barrières vertes et une des porte du tribunal est bloquée avec des hauts parleurs. Aucun tribunal n’accepterait un tel geste et c’est encore un indice pour moi que ceci n’est pas un tribunal.
Et voilà que le spectacle commence de bon matin car un vrai/faux avocat en robe et col blanc apparait tenant par le guidon une espèce de bicyclette de cirque, en fait un tricyle muni d’un chariot transportant des éléments de décor : pancartes, parapluie blanc, panneaux en cartons peints….Ils sont bientôt quelques-uns à rire en installant la mise en scène avec matériel de sonorisation, micro, baffles…Une femme et un homme transportent des valises, un carton avec des dessins ou des plans, puis un attroupement se forme derrière moi, des gens en costumes et tailleurs, avec des sacs à dos des valises, un carton avec des dossiers… Ils discutent et plaisantent entre eux.
Qui sont les vrais et qui sont les faux avocats devant cette grille des « Royal Courts of Justice » ? Ils se mélangent et se confondent. Comme dans le covid, dans la comédie « Assange » tout est fait pour qu’on ne puisse distinguer la réalité des accessoires de théâtre. Peut être que tout est faux d’ailleurs.
A 9 heures pile on entre, un agent de sécurité âgé qui ouvre la grille. Tous ceux qui travaillent dans la grande salle voûtée néogothique sont des gentils retraités. Après coup, j’ai compris pourquoi.
Mon chemin est rodé, je passe le portique, je fonce aux toilettes, puis la salle 4 au fond du couloir au décor kitsch moyennâgeux. Je retrouve Fidel Narvaez et le jeune rouquin devant la porte grillagée des « oubliettes », le sombre escalier de pierre qui mène à la galerie du public. On y passera encore une heure et demie ! Pendant ce temps, tout est désert, aucun salarié du tribunal en vue. J’en profite pour prendre quelques photos discrètes. Les Allemands se sont eux assis tranquillement sur un des bancs du couloir, ils savent qu’ils n’auront pas de soucis pour entrer tellement leur présence est naturelle dans le « procès Wikileaks », je le sais depuis la Woolwich court en février 2020, mais personne n’a jamais expliqué pourquoi sont-ils là et qui sont-ils exactement.
Ce n’est qu’à 10 heures qu’apparait la jeune fille en robe noir qui porte un badge « Her Majesty Court and Tribunal Service » et qui m’a chassée la veille. Son visage très jeune, presque adolescent aurait pu être avenant, mais je ne me souviens que trop bien de son agressivité d’hier. C’est déroutant car les employés d’un tribunal doivent être neutres dans chaque affaire. Elle boit de l’eau en attendant les agents de sécurité. Les deux hommes arrivent à 10 heures 30 et ce sont les deux agressifs d’hier. Et ils font la même chose qu’hier : ils se mettent devant nous devant la porte et nous poussent ! Plus exactement ils ME poussent pour me forcer à laisser la place aux autres qui sont derrière moi ! Ils joignent la parole au geste agressif et me crient « Pas toi, tu ne rentres pas ! You don’t enter » !
Une violence déroutante et déstabilisante, puisque je suis parfaitement polie et pacifique. Le second derrière moi est Narvaez. Ils lui demandent : « ou est la famille ». ? Et voilà illico que surgissent Shipton, puis Hrafnsson et Vaughan Smith, ils s’engouffrent dans la brèche que leur ouvrent les deux malabars et montent l’escalier. J’assiste impuissante au spectacle. C’est si humiliant d’être traitée de la sorte après avoir faits tous ces efforts. Je proteste. Je crie qu’ils pratiquent la discrimination, que c’est illégal, je représente une association des droits de l’homme, la justice est publique. On n’a pas le droit de la cacher aux associations de défense des droits de l’homme, je suis manifestement la première arrivée, ils me voient la première dans la queue, je suis là depuis 5 heures du matin. Je saisis mes documents de Wikijustice, je les leur mets sous le nez…
Pendant que je téléphone à la présidente de Wikijustice qui est témoin par haut-parleur interposé de la discrimination dont nous sommes victimes, les agents de sécurité font entrer les Allemands et le jeune rouquin mais refoulent le couple d’Asiatiques présents la veille. Bientôt je reste seule avec eux en face de la jeune employée qui devient agressive alors que je perds patience. Elle continue de rabâcher « seulement la famille et les amis ».
Je m’emporte « Les Allemands aussi sont les amis d’Assange ? Allons donc, quelle foutaise ! Pourquoi me discriminez-vous moi ? Qui a donné l’ordre ? Ce tribunal est un théâtre et cette audience est un faux » !
La fille perd aussi contenance au bout de longues minutes de tension face à moi. Arrive alors un agent de sécurité âgé, comme ceux qui officient dans la grande salle à l’entrée. Lui porte le badge de « Her Majesty Court Security » . Le HMCTS est une « agence exécutive »[1] « sponsorisée par le ministère de la justice » – dois-je en déduire que c’est une agence privée exécutant un service public ?
Le « Her Majesty Court Security » a l’air d’être une autre agence uniquement dédié à la sécurité. J’espère négocier avec lui, mais peine perdue. Lui aussi me barre la porte, me refuse l’entrée et pour toute réponse à ma question pourquoi répète le mantra « seulement la famille et les amis ». Je proteste avec les mêmes arguments et j’annonce que je porte plainte pour discrimination. D’ailleurs j’ai le droit de savoir qui il est puisqu’il représente le service public. Pour toute réponse il met sa main sur son badge pour que je ne puisse pas voir son nom mais accepte que je vois son numéro, que je note. En réponse à mon annonce de porter plainte il répond froidement « Do what you have to do » «(Faites ce que vous avez à faire »).
Et comment ! Je suis très en colère, je reste encore un peu devant la porte, je discute avec les amis de Wikijustice. Mais au fond, après hier, je m’y attendais. Ils ne me laisseront plus voir Assange une deuxième fois. D’ailleurs, est ce qu’Assange est vraiment là ? Je peux essayer de regarder par la vitre de la salle 4, l’écran est un peu visible au loin et il semble qu’il est éteint.
Les Vraies cours de justice
Avec l’équipe de Wikijustice nous prenons la décision que je dois immédiatement déposer ma plainte à l’administration du tribunal, je me mets donc en quête d’un bureau de réclamation. Pour cela, je décide d’explorer la partie arrière du bâtiment historique. J’emprunte le couloir de fond, je longe un ensemble muséal avec des vitrines exposants des costumes historiques de juges et avocats, des panneaux expliquant la longue histoire du système judiciaire anglais, des biographies de personnalités célèbres ….
Je tourne à droite et je descends un escalier. Je me retrouve sous un porche, je sors du bâtiment néogothique pour me retrouver en face d’une entrée d’un immense bâtiment au style bunker des années 70, le « Queen’s building ».
Dans le hall d’entrée, je trouve un panneau avec un plan qui m’explique que 4 complexes modernes encadrent la vieille nef néogothique, le « Queen’s building » et le « West Green Building, » devant à gauche, le « Thomas More building » au fond à gauche et « East building » à droite. Une galerie vaguement néogothique à l’air libre mène à gauche et à droite vers ces 4 bâtiments modernes. En fait, ce sont les VRAIES cours de justice, la salle principale d’apparat ne sert en réalité que très peu, ce jour là seul Assange et une obscure affaire lithuanienne se déroulent dans les « courtroom » autour de la grande nef, c’est pour cela qu’aucun personnel n’y travaille.
Ces bâtiments abritent donc de nombreux tribunaux « Criminal Division», « Family court and Family Division », « County court of Central London», et des bureaux judiciaires « Judical office », « Senior Court costs office » , « Office of the judge advocate general »… Il y a aussi des bureaux, des cafétérias, des toilettes… Je n’aurais pas pu me rendre compte de la réalité du tribunal si je n’avais pas pris ce chemin pour visiter car le site des « Royal Courts of Justice » n’affiche pas ces plans et n’informe pas de tout cela.
De plus, venant par la porte ancienne donnant sur la City, on ne voit pas que les entrées principales de ces cours de justice se situent derrière, à Carey Street. Enfin, c’est dans ces bâtiments que se trouvent les vraies salles d’audience portant les numéro de 20 à 101, ces salles que j’avais remarquées à la lecture des panneaux d’affichages des audiences du jour dans la nef néogothique. Je me demandais où elles sont. Elles sont ici et l’ambiance en est très différente du sombre couloir dédié à Assange.
Dans le Queen’s building je prends l’ascenseur et je me promène dans les couloirs et les étages. Les salles d’audience sont grandes comme des amphi et bien éclairées, meublées de bois clair, je les vois par les grande portes vitrées qui ne sont pas du tout fermées et aucunement gardées par des cerbères en uniformes. Au contraire, tout citoyen peut entrer et assister à l’audience.
J’observe une des audiences, les avocats et les juges sont presque tous des femmes, l’ambiance est studieuse et concentrée, très éloignée de cette tension théâtrale grotesque propre à l’affaire Assange. Les vastes couloirs sont recouverts d’une moquette grise, les panneaux vitrés exposent des informations diverses, la listes des affaires, des ouvrages de droit, des portes donnent sur des « consultation rooms » ou des groupes de personnes travaillent. C’est ici qu’on juge les vraies affaires, dans de vraies salles avec un vrai personnel. J’ai acquis la certitude, je sais que l’affaire Assange est un spectacle monté avec un personnel loué comme des comédiens et des figurants. La vraie vie est ici.
Je remarque un panneau « general office » et je descends au premier étage. C’est une petite salle d’attente devant un grand guichet qui cache des bureaux en « open space ». Loin d’être désert comme la salle néogothique, le tribunal en fonction abrite de nombreuses jeunes employées (sans aucun masque). J’attends que le couple qui me précède ait fini son entretien avec l’hôtesse d’accueil et je lui expose mon problème : une association des droits de l’homme a été refusée d’entrée dans une galerie du public d’une salle d’audience par la sécurité. Ou se trouve les secrétariat pour faire une réclamation ? Je montre le procès en question sur le site internet avec mon téléphone.
L’employée prend mon problème au sérieux et appelle une jeune manager qui m’écoute aimablement. Je remarque également que dans la partie « travail » du tribunal on ne porte pas de masque alors que dans la « partie mise en scène Assange » tout le monde le met…Elle me conseille d’aller à la Cour administrative dans le East Block car mon audience dépend de cette juridiction, ici c’est le tribunal familial. Elle ne peut pas m’aider ici mais c’est tout à fait mon droit de porter plainte contre ce refus.
Je ressors du Queen’s building, je retraverse le couloir néogothique, je ressors de l’autre côté et je rentre dans le East Building, je commence à comprendre comment ça marche. Au deuxième étage un couloir bien éclairée mène à une porte vitrée sur laquelle est inscrit « administrative court office », derrière elle s’alignent des portes de bureaux. Mais la porte vitrée est fermée et il faut un badge électronique pour y accéder. Un homme arrive et pointe son badge pour entrer. Je lui demande comment faire pour aller au secrétariat du tribunal administratif. Il me répond que c’est impossible à cause du covid, le public n’y est pas admis. Alors je fais comment pour correspondre avec le tribunal ? Il ne me répond pas. Je reviens vers l’escalier du bâtiment, me plonge dans la lecture des documents affichés derrière une vitre.
Il y a un mail « crimex » auquel on doit envoyer les « extradition appeal ». Je trouve aussi un mail «general office » du « administrative court office », avec un numéro de téléphone. Il n’est à aucun moment fait mention du covid comme raison de la fermeture du secrétariat. Encore un prétexte illégal qu’utilisent des managers covidiens pour ne pas travailler et ne pas recevoir le public comme en France ?
Je m’apprête à appeler à ce numéro mais d’abord je rends compte de mes démarches à Wikijustice. Excédée, je dis au téléphone que le public est refusé dans le secrétariat du tribunal administratif. Un homme se dirige vers le couloir, passe à côté de moi et m’entend parler Français. Il a dû comprendre ce que je dis car il fait demi-tour et revient vers moi. Il me dit qu’il est juge, qu’effectivement « à cause du covid » les bureaux sont fermés, il faut écrire un mail ou déposer une lettre dans la « drop box », la boîte aux lettres à côté des vieux gardiens de la grande nef principale. Je le remercie pour son renseignement, je le sens gêné de voir des étrangers être témoins des dysfonctionnements du système judiciaire anglais. Au moins lui n’a pas envie de participer à la mascarade, d’ailleurs il ne s’embarrasse pas d’un masque.
Je note son propos mais je m’aperçois qu’il y a encore un troisième étage ou se trouve, selon les indications du plan à l’entrée, le « civil appeal office ». Pourquoi ne pas voir, puisque l’affaire Assange c’est la « Administrative Court Civil Division », la section civile du tribunal administratif. Je monte au troisième, je peux m’y promener dans les couloirs. Il n’y a pas de bureaux mais des salles d’audiences spacieuses occupées par des affaires en cours. Je croise des employées qui descendent en groupe prendre leur pause déjeuner et je pose ma question à l’une d’elles. Elle me répond que oui c’est à cause du covid que le public n’est plus reçu. Il faut déposer une lettre dans la fameuse drop box. Le Covid toujours le meilleur outil pour éloigner le citoyen de l’Etat, le rendre docile et obéissant, le décourager de réclamer…
Alors, qu’est-ce que cette porte sous sa voûte néogothique imposante devant laquelle j’ai attendu deux matinées et où se déroule le show des autres ? Si l’entrée des tribunaux est ici, quelle est donc la grande nef de devant, si elle n’est pas un tribunal ? En réalité la vraie vie des tribunaux est derrière, entre le Bell Yard et la Carey Street, j’ai tout le loisir de photographier l’immense bâtiment en brique que cache la façade néogothique. En face dans l’impasse Bell Yard à l’angle de la Carey Street un immeuble ancien bien rénové abrite la « Law society », le barreau des avocats « sollicitor ». Il n’y a pas foule à l’heure du déjeuner, ces bureaux du cher centre-ville doivent surtout abriter des locaux de représentation.
Par contre, une intense animation exactement à l’endroit ou la salle 4 et sa verrière donnent sur l’impasse Bell Yard. J’observe le mur de briques et j’essaye de repérer les fenêtres qui pourraient correspondre aux coulisses de la salle 4 selon le plan du bâtiment. Il y a effectivement des fenêtres éclairées (même si la salle d’audience n’avait pas de fenêtres mais une verrière sur le plafond, au fond de la salle se trouvaient des portes par lesquelles entrent les juges, il y a donc bien des pièces, des bureaux un vestiaire des juges dont les fenêtre ne peuvent que donner sur le Bell Yard). En contrebas du 1 étage je surprends qu’on peut pratiquement sortir de la salle 4 par une entrée particulière et que devant cette entre est stationnée toute une armada de véhicule de locations, des camionnettes d’où des ouvriers sortent un matériel, des caméras, des faux murs et des panneaux en aggloméré… toute une panoplie de décor de cinéma ! On dirait un tournage de film !
J’observe l’animation qui règne autour des coulisses de la mise en scène qui contraste fort avec le vide des bureaux des institutions de la justice. Le cinéma a tellement l’air plus important ici que la justice…Puis je continue sur le Bell Yard pour rejoindre la Fleet Street et contourner les Royal Court of Justice pour revenir devant la porte ou j’ai passé la matinée.
C’est exactement là, à l’angle sud-est des « Royals courts of justice » et du Bell Yard que commence la Fleet Street qui poursuit son chemin vers la City of London Corporation. A l’angle du Bell Yard et de la Fleet Street en face des cours se trouve le vieux siège de la Banque d’Angleterre « Old Bank of England » avec un restaurant luxueux sous les drapeaux britanniques qui décorent la façade. Et juste là au milieu de la rue tout près des tribunaux trône le monument[2] « Tempel Bar Memorial ».
La statue imposante d’un dragon en bronze garde ce qui était l’entrée de la City of London Corporatin et sépare la Cité de Westminster, la Cité des marchands de la Ville du Roi ou de la Reine. Ce dragon est l’emblème de la City. Les critiques ne manquent pas de le désigner comme étant en réalité un symbole de Satan qui garde ici l’argent que les banquiers mondialistes ont volé à tous les peuples du monde. Ainsi le voit ma chère « General Sands » qui signe ces récits et ses sites dénonciateurs du « Mal » de la « City satanique » du nom de « Julian Paul Assange »[3].
Curieusement, les « manifestants » pour Julian Paul Assange ont même reçu le droit de décorer la grille du bâtiment historiques des tribunaux avec une profusion de rubans jaunes criards comme autant de bannière visibles. Avant de rejoindre la porte par laquelle je suis entrée ce matin où la fête bat son plein avec faux avocats en perruques, musique irlandaise, meute de journalistes et foule de pancartes, je croise une petite entrée proche de la Old Bank of England. Je me renseigne sur comment entrer déposer ma lettre dans la drop box. L’agent de sécurité m’explique alors que la police a fermé la porte centrale à cause d’une manifestation, mais que je peux aller à la porte de gauche, qui est aussi utilisée « quand on fait un event de ce genre ». Il a bien parlé de « event », qui signifie plutôt manifestation culturelle, pièce de théâtre ou de cinéma qu’un protestation politique.
Je vois deux hommes en uniforme d’agent de la police métropolitaine postés derrière les grilles fermées ou j’ai attendu si longtemps en vain depuis 5 heures alors que les participants au « event Free Assange » écoutent la musique et discutent entre eux.
C’est ridicule. Je dépasse le show et je vois à gauche une entrée vers la cour qui traverse un pavillon de gardiens avec portiques de sécurité. Je traverse les portiques avec mes sacs, on ne me dit rien, puis je regagne la grande nef néogothique par une porte latérale. Je me retrouve sans problème devant la salle 4 gardée par un jeune agent de sécurité à la queue de cheval blonde que j’ai déjà vu à la Westminster Court – dans le procès Assange c’est toujours le même personnel, même si les lieux changent.
Devant la grille en fer devant l’escalier de pierre en colimaçon de ce matin, je croise l’homme aux longs cheveux blonds, le député irlandais Mick Wallace en conversation avec une femme corpulente en robe noire d’avocat. Ils arrivent devant la grille et le jeune à la queue de cheval la leur ouvre, puis il me barre l’entrée de son corps en déclarant « vous ne pouvez pas entrer à cause du covid ».
Bien sûr, le fameux covid qui m’empêche moi d’entrer mais pas les autres, ceux qui s’autoproclament famille de Julian Assange. Je n’insiste pas, je recule dans le couloir vers la porte vitrée de la salle 4. Je m’assure que Julian Assange n’est pas visible dans l’écran. Et là incroyable, je croise…. Un groupe de touristes ! Ce sont des gens qui effectuent une visite guidée ! Ils sont plutôt âgés et masqués, le guide leur explique l’histoire des lieux et montre même la salle comme on montrerait une attraction touristique de la capitale « c’est là qu’ils vont extrader Julian Assange » ! Pour lui c’est une anecdote une histoire à raconter à ses clients ! Je sors du couloir dans la grande nef et là je comprends ce que font des touristes ici : une large affiche indique « National Justice Museum» !
Le procès d’Assange a lieu dans un musée!
Nous sommes dans un musée et pas un tribunal en exercice ! En fait cela explique pourquoi il ne s’y passe rien à part des « events », des manifestations organisées probablement avec locations de salle de décor de tribunal et d’accessoires. Après tout le musée à ce qu’il faut en costumes, robes et salles authentiques pouvant servir de lieu de décor crédible.
Cela explique aussi pourquoi les agents à l’entrée sont des vieux débonnaires qui contrastent avec la rigidité des véritables employées du tribunal. Dans des sociétés ultralibérales, gardien de musée est plutôt un boulot d’appoint pour retraités alors que pour surveiller un tribunal avec des prévenus, une formation, une carte professionnelle spécifique seront demandées. Cela explique aussi pourquoi on ne porte pas de masque dans les bâtiments neufs ou ont lieu les vrais audiences, alors que les gardiens de la partie musée et les employées du spectacle « Assange » le portent. Ce ne sont tous simplement pas les mêmes institutions, l’une ne peut pas exiger de masque de ses salariés, l’autre est du domaine du spectacle et dans ce domaine le masque est imposé comme un accessoire du décor.
Cela dit, lorsque je viens vers la vieille dame qui garde la grande sortie dans la nef, celle-ci prend très au sérieux mon problème d’association de défense des droits de l’homme refusée devant une galerie du public et donc subissant une discrimination manifeste. Gravement elle me dit qu’elle m’amènera auprès du responsable. Je la suis dans une petite pièce tapissée de bois sombre à droite de la grande nef. Et qui je vois derrière un grand guichet ? Le vieil agent de sécurité qui m’avait barré l’entrée ce matin ! Celui là même qui était venu prêter main forte à la jeune pour m’exclure et avait refusé de donner son nom !
Cette fois il n’a pas de masque et son visage est placide. Il me lance: « Comme on se retrouve ! ». Je lui réponds « En effet, on se retrouve ! Je suis venue faire ma « complain » (plainte, réclamation) pour discrimination. Et hélas je suis obligée de la faire nommément et de désigner celui qui m’a discriminé…. Vous ! »
Il ne parait pas surpris, ni méprisant. On dirait qu’il est même soulagée que je le fasse. « Faites faites ce que vous devez faire. Ce n’est pas moi qui vous ai refusé l’entrée mais le responsable de la upper public gallery » (la galerie haute) ». Il continue : « il y a aussi la « lower public gallery » qui est à l’intérieur de la salle 4 ». ( la salle basse, là ou se trouvait Georgina et Joseph Farell, toujours au plus près de Julian Assange).
Il m’écrit une adresse postale, un mail. « Voilà ou vous ferez parvenir votre plainte ». Je regarde ce qu’il écrit, je le regarde. « Est-ce le juge qui décide de qui peut voir l’audience » ?
« Non, ce n’est pas le juge qui a décidé de cela. C’est le responsable de la galerie », répond le gardien du musée sans toutefois me donner le nom du ou de la responsable qui a décidé de mon exclusion. Porter plainte devient impératif puisque j’ai même les encouragements des employés de ce lieu, tout comme les salariés de la Old Bailey avait protesté que eux gardent des vrais criminels et leur travail n’est pas du storytelling !
Il est midi passé, bientôt la « famille et les amis » de Julian Assange vont sortir, je mes précède en revenant par la porte gauche, sous la voûte néogothique qui mène à la cour intérieur en face des Queens building et West Green Building. Une escouade de policiers en uniformes flambant neuf encercle le trottoir, on entend la musique à fond, les voix psalmodiant « Free Free Julian Assssaaaaange !!! » font écho au rythme régulier, quasi hypnotique des pancartes agitées. La claque est là.
La première que je vois sortir derrière moi est Georgina qui me sourit d’un air ironique, masque baissé.
Puis c’est Stella Morris, le visage caché par un épais masque FFP2, vêtue d’une veste et d’une écharpe rouge bordeaux, d’une jupe noire, collants noirs et chaussures à talons rouges (le vert pour le premier jour, le rouge pour le deuxième les couleurs des prêtresses de cérémonies de la « cour », Jennifer Robinson à la Woolwich et Stella Morris à la Old Bailey et ici sont flagrantes et sûrement symboliques).
A ses cotés marche Kristin Hrafnsson, jean, veste et pull bleus, fumant une pipe et portant des lunettes. Rebecca Vincent en robe légère bleue foncée, veste noire et bottines à talons les suit avec sa « sœur », la petite blonde d’hier en costume noir.
Joseph Farell en pantalon rouge sort avec le jeune Arabe qui représentait Amnesty international, puis ce sont le jeune rouquin à côté de Daniel Reiser le Suisse et son écharpe orange.
Ensuite, je vois Mick Wallace avec une femme rousse et enfin les deux Allemands qui n’ont pas besoin de faire la queue. Celle qui semble être leur supérieur hiérarchique, l’Allemande brune au cheveux courts et look grunge sort peu après une cigarette aux lèvres et son masque blanc à la main. Ils discutent tous les trois en attendant que John Rhees en chemise à carreaux rouges donne le signal du départ du plan médias : discours, caméras braquées sur Shipton et Moris, et encore et encore musique assourdissante.
Je suis fatiguée du spectacle, je traverse la rue pour m’attabler au café en face. De là j’ai une vue suffisante sur les festivités tout en consommant enfin ma boisson chaude. Je remarque qu’en face du tribunal les boutiques de luxe masculines et la devanture d’un bijoutier horloger affichent des « sales », soldes importantes. La City souffre plus que la ville de Westminster, et j’aurais l’occasion plus tard d’y photographier des dizaines et des dizaines de boutiques à louer.
Je me rapproche pour faire des photos lorsque je reconnais une silhouette connue. Paul ! L’étrange homme habillé en clochard qui le 13 et le 23 janvier 2020 avait fait la queue avec nous à la Westminster court, assisté à l’apparition de Julian Assange dont Véronique Pidancet Barrière, présidente de Wikijustice avait pu être un témoin privilégié le 13 janvier et discuté en Français avec nous pendant ces heures d’attente tendue entre Greekemmuy et les agents de sécurité revêches[4] !
Paul, l’homme qui ressemble à Julian Assange, en un peu plus âgé seulement, mais qu’avec une bonne mise en scène et quelques retouches numériques on pourrait confondre avec le Assange barbu des années 2017-2019 au 3 Hans Crescent Street.
Paul porte une veste marron trop grande, dessous une chemise bleue, un pantalon gris difforme rentré dans des chaussettes blanches, des chaussures beiges plutôt de bonne facture. Un pan de sa chemise pend de sous sa veste dans un négligé savamment étudié. En fait il porte exactement le même accoutrement que le 13 janvier 2020, comme on peut le voir sur cette photo[5]. Mais ses cheveux sont en bataille, il est barbu, a l’air fatigué et hagard. Il a aussi l’air d’avoir maigri. Cela me fait de la peine de le voir ainsi. Alors qu’il se fraye un chemin à travers la foule qui entoure John Shipton entonnant son discours aux médias, je me précipite vers lui, je crie « Paul, bonjour ! Tu me reconnais » ? et je lui prends le bras.
Je lui parle de notre rencontre, il y a deux ans bientôt, juste avant cette folie de covid, ce jour ou Julian Assange était la deuxième et dernière fois présent en chair et en os à la Westminster Court, salle 1… Il me dévisage et je crois qu’il me reconnait, mais ne répond pas lorsque je lui parle en Français. Je lui dis la même chose en Anglais. Alors son visage s’anime et il me répond… en Français ! « Bien sûr je me souviens de toi… Wikijustice » ! Je lui parle avec émotion de ce que nous avons vécu depuis, mais il semble ailleurs. Alors je lui prends la main et je constate qu’il a froid avec sa petite veste de mi-saison. Je lui dis « Paul il te faudrait un manteau… Tu ne veux pas que je t’apporte quelque chose de chaud » ? Je pensais à Eric qui n’avait pas un sou pour manger la veille.
Paul me répond doucement, je vois qu’il veut abréger. Il se sauve, marche d’un pas incertain indifférent à la foule, la traverse en direction du Dragon de la City… Dommage, j’ai oublié de lui demander son numéro de téléphone.
Déroutée par cette rencontre, je vais discuter avec mes amis au téléphone et pour cela je vais m’asseoir en face du rassemblement. De l’autre côté de la rue, adossé au mur du chœur de l’église de Saint Clément le Danois, il y a un petit banc de pierre, juste sous une émouvante croix qui commémore les aviateurs de la RAF tombés pour protéger Londres et libérer la Grande Bretagne et l’Europe. Je lis avec intérêt la plaque en pensant qu’elle inclut mes compatriotes polonais des célèbres « Division 302 et 303 » et je m’installe pour observer les événements. Je peux constater qu’il y a d’autres hommes aux vêtements élimés qui tournent ainsi en rond dans la foule.
Devant moi sur le trottoir est garée un minibus Volkswagen grise, sur sa vitre je vois peinte la clepsydre de Wikileaks ainsi que l’information « Free Assange, October 27 and 28, Royal Courts Strand Street » en grandes lettres bleues. C’est ici que sont stockées les pancartes, banderoles et décorations, quelques techniciens de l’organisation travaillent à côté d’elle. A un moment donné je vois un homme entre deux âges, manifestement SDF, à la veste rouge sale et au pantalon difforme, trainant un lourd sac à dos usagé et une valise à roulettes beige de même aspect s’adresser à un fringuant sexagénaire souriant et propre sur lui. Ce dernier sort deux pancartes de la Volkswagen et dit à l’homme à la veste rouge « Alors, tu es enfin arrivé ? Tiens ». Il lui colle deux pancartes « Don’t extradite Assange » dans les main et je vois le pauvre clochard se trainer d’un pas lourd vers la manifestation, avec son sac à dos, sa valise et accrochés à elle plusieurs sacs sales qui balayent le sol, les deux pancartes « Don’t extradite Assange » sur lui… Un SDF payé pour servir de porte-pancartes dans la manifestation pour Assange ! Quelle dérision ! Quelle tristesse ! Et pauvre Julian Assange qui mérite mieux que cette mise en scène grotesque et révoltante !
La musique irlandaise sautillante et joyeuse, pas du tout appropriée au sujet du rassemblement m’écoeure aussi.
J’en ai assez, je rentre à l’hôtel me reposer puis je vais manger au « Crown bar » au carrefour de Wellington et de Strand Street. C’est un petit restaurant de type «Milk bar » comme dans ma chère Europe de l’Est, avec un grand frigo traiteur bien garni de plats et des petites tables blanches. Sur la vitrine je lis « support independant business », ce qui me rappelle que l’opération covid ici comme partout a été surtout une gigantesque spoliation des petites entreprises interdites de travailler au profit des mastodontes mondialistes KFC, Starbucks, MacDo, Prêt à Manger… J’ai envie de soutenir ces militants et je suis aussi alléchée par leurs plats copieux et bon marché : 6 livres pour un plat du jour bien cuisiné, de grandes salades, des sandwichs, du thé anglais, pour un peu plus de 10 livres mon repas est complet et délicieux. La jeune serveuse est très gentille et me parle avec un bel accent yougoslave tandis que les hommes en cuisine lui répondent dans une langue européenne qui peut être l’Albanais. Au fond de la salle sont assis de jeunes Anglais, une famille de Polonais, tous discutent et rient. Aucun masque, pas d’affiches aux stupides conseils hygiénistes, il n’empêche que le restaurant est très propre. C’est l’Europe, la mienne, telle que je l’aime et que je voudrais qu’elle soit.
Vers 15h45 je retourne à la cour. Je rentre par la porte dite « principale » du côté de Bell Yard sans que les agents de sécurité me demandent quoi que ce soit. J’arrive vite devant la salle 4. Le petit agent à la queue de cheval blonde est toujours là et me barre la grille de l’escalier aux oubliettes dès qu’il me voit. Il n’a pas oublié la seule vraie consigne : pas de Wikijustice, pas de Karbowska ! J’essaye de parlementer, mais ça ne sert à rien, il dit « non ». Alors je décide de rester, de lui mettre la pression par ma simple présence. Il est donc obligée de me surveiller, ne peut pas me virer. Il ne sait pas comment j’ai fait pour entrer alors que la grille de Strand Street est fermée par la « manifestation » et il est un peu nerveux.
Je fais juste un tour devant la vitre de la salle 4 et je constate qu’Assange n’est pas visible sur l’écran video. Je décide aussi de faire un tour dans la salle 1, ou m’envoie les agents de sécurité, parce que c’est la salle ou les « médias » sont autorisés. Celle-ci est située derrière les vitrines de robes historiques des juges et les tableaux et descriptions de l’histoire du système judiciaire anglais. La salle elle-même évoque une bibliothèque historique avec volumes reliés tapissant les murs de haut en bas. Il n’y a là qu’une vingtaine de jeunes sagement répartis sur toute la surface d’une espèce d’amphi en face d’un écran dont naturellement Assange est absent. Personne n’écoute le discours endormant de Fitzgerald, ils sont tous sur leur téléphone ou en train de s’assoupir, ce qui me guette aussi si je reste sur place.
Je retourne donc en face de la salle 4, je me pose sur un banc en face de l’agent de sécurité garde-chiourme et j’attends. Quelques temps après je vois Stella Morris descendre l’escalier et sortir dans le couloir accompagnée d’un homme mince au cheveux gris et au traits asiatiques. Elle enlève même son masque pour discuter plus confortablement avec lui alors qu’ils s’installent sur les bancs autour de la table placée dans un renfoncement du mur tout à coté de la salle 4. J’aurais aimé la photographier mais je n’ose. Elle restera avec cette homme toute la durée de l’après-midi et finira par sortir avec lui.
En attendant la sortie des protagonistes je prends quelques photo de la grande nef et de la partie muséale. D’ailleurs c’est fini. Vers 4 heures je vois John Shipton en manteau noir sortir du vestibule près de l’escalier en pierre, fermer soigneusement la porte et se diriger vers la sortie, qui est celle de gauche dans la cour par laquelle je suis entrée cet après-midi.
Puis tous sortent : les trois Allemands, Hrafnsson, Fidel Narvaez, Rebecca Vincent, Mick Wallace encore. Sur 200 places de la galerie une dizaines de spectateurs en tout. Je les suis jusqu’à la sortie dans la rue, la porte de gauche donnant sur la cour intérieure. J’observe les Allemands se concerter, John Shipton entouré par une foule prononce un discours sur l’estrade sur laquelle un groupe de musique venait de se produire.
Je passe mon temps à photographier les multitudes de photographes qui immortalisent « les supporters d’Assange », avec leur imposant matos. On ne me fera pas croire que les médias mainstream ne créent pas le narratif Assange, ils sont aussi bien ultra présent qu’ultra équipés d’un puissant et coûteux matériel !
Enfin je reviens à nouveau dans la salle néogothique du Musée de Justice car je veux assister au départ de « l’accusation ». Juste à ce moment là un groupe quitte la salle 4 : Claire Dobbin en manteau jaune vif assistée de sa collaboratrice la blonde forte. Elles discutent avec un homme en robe noire et collerette blanche qui semble être le juge adjoint. Le procureur qui nous a endormis avec son discours aussi pervers que soporifique est en grande discussion avec Joseph Farell qui devrait pourtant être son ennemi juré ! Des dossiers volumineux qui n’ont pourtant pas servi une seule fois pendant toute la durée du narratif sur la « maladie mentale » d’Assange, sont déménagés sur des diables par de très jeunes gens. Fitzgerald et Florence Iveson sont absents.
J’entends l’accusation discourir d’extradition avec Joseph Farell, « ambassadeur » de Wikileaks, comme s’il était leur pote. Je suis dégoûtée de voir ces gens jouer le jeu de cette mise en scène pleine d’une ignoble hypocrisie : entre Farell affligé devant la caméra par « Julian qui risque de mourir » et Farell souriant de toutes ses dents à Dobbin, il y a un monde !
Détail flagrant : au lieu de jouer le théâtre devant les médias en face de la sortie Strand Street, tout ce beau monde sort par la VRAIE porte de tribunal, celle que j’ai empruntée pour entrer, East Block, Bell Yard à l’angle de Carey Street. Tout se passe comme le matin, les agents de sécurité ne me disent rien, les salariés des vraies tribunaux ont fini leur travail et tandis que je me mêle à eux, je perds de vue le groupe de l’affaire Assange. Cela ne change rien, Assange est resté dans son oubliette. Ou a refusé de se prêter au jeu, qui sait ?
Je traverse le Bell Yard pour revenir Fleet Street en face du Dragon de la City et je retrouve le festival qui bat son plein devant les Royals Courts Historiques. Des femmes « supportrices » font même un spectacle individuel en bloquant la chaussée pour que 5 policiers de la Metropolitan Police les ramassent, ce qui leur permet d’invectiver les policiers pour leur « violence ». Elles n’ont visiblement jamais tâté des vrais outils répressifs de la police française…
M.C. McGrath est-il le « successeur » de Julian Assange à Wikileaks et compagnon de Stella Mor/ris aka Sarah Gonzalez Devant/Stella Smith Robertson ?
Alors que j’observe leur manège mon regard est attiré par une silhouette connue: MC McGrath ! Le garçon avec lequel Stella Moris était venue dans la galerie du public de la Westminster Court le 19 et le 20 décembre 2019, le 23 janvier et le 19 février 2020, à une époque où il n’était aucunement question, ni de près ni de loin, qu’elle fut une proche de Julian Assange[6].
MC McGrath avec son aspect adolescent ressemblait à un fils de Stella Moris. L’apparence de Stella Moris à l’époque différait d’ailleurs de celle d’aujourd’hui : toujours de très petite taille, environ 1,50, son visage était plus fin et encadré par des cheveux bruns coiffés en queue de cheval. Elle ne portait pas encore le lourd fond de teint et les rouges écarlates dont elle est parée aujourd’hui. Il faut dire qu’à part nous, l’équipe de Wikijustice qui nous efforcions de comprendre qui elle est, personne ne faisait vraiment attention à elle, et certainement pas la presse. Elle était comme ces obscurs spectateurs invités à observer le spectacle « Assange » par on ne sait quelle puissance, qui ayant rempli leur rôle s’avanouissaient aussitôt. Comme Paul.
J’ai identifié en février 2020 McGrath comme un hacker trentenaire, ancien étudiant de Boston University et du MIT, se faisant passer pour un anti-système tout en étant financé par la Fondation Thiel et Palantir et Soros[7]. Il est en effet un créateur d’un outil informatique sophistiqué prétendant concurrencer les outils de surveillance de la NSA elle-même[8]. Un possible successeur d’Assange que le système pourra lancer le moment venu.
La fondation Peter Thiel finance ses outils informatiques alors que Thiel, en tant que fondateur de Pay Pal avec Elon Musk, investisseur de Facebook, est un oligarque mondialiste bien éloigné du bien être des peuples et de leur liberté[9]… Sa société de contre-terrorisme Palantir Technologies est même au cœur du système mondial de surveillance par les agences anglo-saxonnes, française et le BND allemand.[10] tandis que Mark Dazensein, mari de Peter Thiel, est un collaborateur de Black Rock, la trop célèbre pieuvre financière de la super classe mondialiste. En clair, Peter Thiel, en finançant des individus comme M.C. McGrath finance sa propre opposition… soigneusement contrôlée. Voilà quel genre de personne se prétend un successeur de Wikileaks et de Julian Assange et qui visiblement est un ami proche de Stella Morris !
A la Westminster MC. McGrath, collaborateur de Peter Thiel, était assis à côté de Stella Morris et ne parlait à personne d’autre qu’elle. Je l’ai revu à côté d’elle assis dans la dernière rangée juste devant le box vitré ou était enfermé Assange, du 24 au 27 février 2020 à la Woolwich Court. Ni lui ni Stella Morris ne parlaient alors à Assange alors qu’ils passaient 8 heures par jour à un mètre de lui et que personne ne leur interdisait de se tourner vers le prisonnier, puisqu’ils étaient assis sur le banc réservé aux avocats de celui-ci ! Drôles d’avocats en fait, Stella Morris jamais inscrite au barreau anglais et MC McGrath informaticien et hacker… Que des gens qui ne sont pas avocats soient assis à la place des avocats nous a suffi pour rendre ce « procès » très suspect à nos yeux.
Le 27 février, lors de la révolte d’Assange, MC McGrath a fait partie de ceux qui se sont levé pour entourer un Julian Assange qui leur parlait, gesticulant et les invectivant comme un metteur en scène désappointé par la médiocre prestation des acteurs du spectacle dont il a la charge.
MC McGrath s’est tenu une bonne demi-heure devant Assange en le regardant fixement avec ravissement et admiration comme s’il avait vue une apparition surnaturelle. Stella Moris essayait de lui parler, mais Assange ne lui répondait pas et l’ignorait complètement, tout à son discours de colère, inaudible pour nous car la galerie du public était totalement isolée avec une épaisse vitre. Une fois le micro coupé, on n’entendait rien de ce qui se passait en contrebas mais par contre on voyait presque tout !
Je n’avais pas revu MC McGrath depuis février 2020, et voilà que je le découvre le 28 octobre 2020 en fin de séance au Musée National de la Justice alias Royal Courts of Justice à 16 heures ! Il est habillé d’un costume noir avec un petit pull beige, des chaussures noires, une sacoche de type informatique noire, il porte aussi un épais masque noir lui dissimulant le visage. Il tourne en rond dans le rassemblement devant la grille des « Royals Courts », il parait chercher quelqu’un. A gauche sur l’estrade, John Shipton est entouré de journalistes à qui il délivre son discours. En me voyant tout près, alors que je salue, il parait nerveux et saisit son téléphone. Je remarque une bague en argent à son petit doigt droit. Il parle à quelqu’un d’air concentré et soucieux, le masque est tombé de son visage.
Mes photos de Mc McGrath faites, je me concentre sur le rassemblement de journalistes. Il y a la fille au manteau rouge bordeaux qui délivre son discours devant son caméraman, elle porte exactement le même costume et a exactement le même comportement que devant la Old Bailey en septembre 2020. La foule de caméras est dense autour de Shipton, puis je distingue Joseph Farell et Fitzgerald tout souriant et content de son œuvre.
Fatiguée, je vais me rasseoir sous le mur de l’église, sous la croix commémorant la lutte et le sacrifice des aviateurs de la RAF et de leurs alliés polonais, tchèques et français. Devant moi est garée la voiture de « Wikileaks » et j’ai une bonne vue sur la manifestation à droite. Soudain je vois un groupe de détacher de la foule : Stella Morris flanquée de son ami asiatique avec lequel elle travaillait dans la cour, ils discutent avec Joseph Farell. A leur droite Nils Lagefoged du CIJ et un grand jeune blond au pull gris que je ne connais pas.
Farell les quitte, Stella reste avec le jeune et son collaborateur, elle est tout sourire, détendue et contente d’elle (une fois sa prestation de femme de prisonnier éplorée finie, elle n’a pas l’air très soucieuse du sort d’Assange…). Elle discute avec un des techniciens du spectacle en gilet bleu fluo. Puis à mon grand étonnement elle se plante devant le minibus Volkswagen marqué « Free Assange » et frappé de la clepsydre de Wikileaks.
Elle pose devant le minibus dans sa veste rouge et ses chaussures vermillon et sa jupe noire. Tout en posant elle se tourne vers son collaborateur asiatique, lui sourit d’un air entendu et pointe l’index de sa main gauche vers la clepsydre de « Wikileaks ». Je saisis le regard complice qu’elle adresse à son compagnon, elle reprend sa pose pendant que la photo est faite (et que je prends la mienne).
On dirait une pose de la Victoire mais il me semble aussi que par ce geste elle indique clairement que « Wikileaks » lui appartient. La clepsydre avec le monde qui s’écoule dans un sablier inébranlable du temps… Le Temps et le Monde, deux notions du pouvoir total…
« L’épouse éplorée » a l’air satisfaite des événements !
Mon étonnement grandit encore quand je vois… MC McGrath rejoindre Stella Morris et son compagnon !
Voila que je les vois passer devant moi et contourner l’église Sankt Clement pour se diriger vers le métro Aldwych. Stella, ses deux compagnons, le blond et l’asiatique et MC McGrath. Le groupe marque alors une halte et je la vois enlever ses chaussures à talons rouges et les troquer contre une paire de baskets blanches. Sa prestation finie, elle peut quitter son costume de scène inconfortable. Médusée, je la vois quitter les lieux, collée à MC McGrath avec lequel elle devise. Je comprends qu’ils sont d’intimes amis. Plus le groupe s’éloigne sous les grands platanes, plus les deux garçons laissent Stella Morris aux soins de MC McGrath qui l’accompagne à la maison après sa prestation publique. Il apparait alors comme le véritable compagnon de cette femme.
Ce que « General Sands » ne maquera pas de souligner dans ses publications vengeresses: que le protégé de Palantir et de la CIA est le compagnon de la pseudo-femme de Julian Assange.
J’ai vraiment vu beaucoup de choses aujourd’hui, malgré tout. Il est temps pour moi de partir.
[1] About us – HM Courts & Tribunals Service – GOV.UK (www.gov.uk)
Home – The Old Bank Of England
[3] The Temple Bar Memorial, London (victorianweb.org)
[4] Remonter de la Dark Place à la lumière – Julian Assange face au système politique et judiciaire, audience du 13 janvier 2020 – Liberté pour Julian Assange – Monika Karbowska (monika-karbowska-liberte-pour-julian-assange.ovh)
[5] Procès ou cérémonie sacrificielle ? -Julian Assange jugé le 23 janvier 2020 – Liberté pour Julian Assange – Monika Karbowska (monika-karbowska-liberte-pour-julian-assange.ovh)
[6] « French activism », luttes intenses et audience fantôme à la Westminster Magistrate Court – Julian Assange comparait le 19 et le 20 décembre – Liberté pour Julian Assange – Monika Karbowska (monika-karbowska-liberte-pour-julian-assange.ovh)
[7] Procès ou cérémonie sacrificielle ? -Julian Assange jugé le 23 janvier 2020 – Liberté pour Julian Assange – Monika Karbowska (monika-karbowska-liberte-pour-julian-assange.ovh)
[8]M.C. McGrath | Bostonia | Boston University (bu.edu)
M.C. McGrath: Hiding in the open (exposingtheinvisible.org)
Shidash (M. C. McGrath) · GitHub
M. C. McGrath – Echoing Green Fellows Directory
[9] Peter Thiel — Wikipédia (wikipedia.org)
Palantir Technologies — Wikipédia (wikipedia.org)
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