Pour sa Liberté et la Nôtre, 1ère Partie: Franchir les frontières au temps du Covid, 10-14 décembre 2020

Julian Assange à la Westminster Court le 11 décembre 2020 et à la Old Bailey le 4 janvier 2021

Douvres, vue vers la France du château de Henri II Plantagenêt

Monika Karbowska

La décision rendue le 4 janvier 2021 dans le bâtiment de la Old Bailey à Londres est connue. Elle est une victoire des mouvements sociaux européens qui se sont mobilisés pour libérer Julian Assange depuis 2 ans et surtout du mouvement des Gilets Jaunes français. Mais elle n’est aussi qu’une étape dans la guerre qui oppose les peuples aux pseudo élites mafieuses qui nous oppriment autant qu’elles emprisonnent Julian Assange. En effet, nous n’avons pas lutté contre l’extradition de Julian Assange mais POUR SA LIBERATION. Juridiquement Julian Assange est un homme LIBRE car il n’est plus poursuivi par aucune juridiction. Pourquoi n’est-il donc pas sorti par la grande porte du tribunal à 12h25 immédiatement après l’annonce du verdict ? Pourquoi le 6 janvier 2021 après les tractations secrètes au sein de la Westminster Magistrate Court n’est-il toujours pas parmi nous à profiter de la liberté, à marcher dans la rue, discuter avec nous et préparer un long voyage réparateur vers des cieux plus accueillants?

Je vais répondre à cette question par mon article tout en relatant les efforts que j’ai effectués au sein de l’association Wikijustice pour être toujours présente à toutes ses audiences. Le but est aussi de faire comprendre à mes concitoyens ce que nous vivons en Europe et comment ils et elles doivent se préparer à se battre pour leur liberté s’ils veulent survire autrement qu’à l’état de serfs soumis au droit de vie et de mort d’un pouvoir mafieux. Car nous ne sommes pas différents de Julian Assange : prisonnier depuis 1 an d’un pouvoir arbitraire, nous vivons dans notre chair l’enfermement et la privation de droits en y consentant collectivement.

J’avais effectué un voyage du 10 au 14 décembre dernier à Londres, à la dernière audience de Julian Assange de prolongation de sa « détention provisoire ». C’est le juge Ikram qui m’avait indiqué le 29 octobre dernier qu’il s’agirait du dernier « call over hearing » le 11 décembre 2020 (voir partie 3). J’avais profité de ce voyage qui me permettait de m’aérer en quittant quelques jours une France sous un joug policier abject où même l’acte vital de respirer a été criminalisé. J’avais profité de mes longues promenades sans masque dans les quartiers de Paddington et Islington et surtout de la joie de voir la vie revenir dans une Londres apaisée, d’observer des enfants et des adolescents vivre normalement sans dressage à la soumission du bâillon et de la peur de l’autre. J’avais été heureuse d’enregistrer les scènes de la vie quotidienne dans les pubs et les restaurants réouverts, la musique, les rencontres, la vie qui revient. J’avais même publié et transmis ces images aux restaurateurs amis en France afin de les inciter à la lutte pour leur réouverture.

J’avais appris beaucoup de ce voyage et je voulais faire profiter de ces informations à mes concitoyens. Malheureusement le pouvoir politique a intensifié sa pression dictatoriale sur nous à l’approche des fêtes et j’ai en priorité participé à la finalisation de la Plainte Internationale de Wikijustice qui est devenu notre principal outil de lutte juridique. Travaillant aussi comme prolétaire pour subvenir à mes besoins, je n’ai eu le temps et la force d’écrire mon article. Je vais donc inclure des éléments d’informations dans ce récit afin qu’il soit clair quels sont les enjeux pour NOUS TOUS de la lutte pour la libération de Julian Assange.

Le voyage, la Souveraineté et les Droits Fondamentaux

Je ne comprends pas pourquoi tant de gens autour de moi en Europe occidentale sont convaincus qu’il est désormais interdit de voyager et que « les frontières sont fermées ». La bonne nouvelle est que les frontières ne sont PAS fermées et qu’il est toujours comme avant le 11 mars « permis » de voyager. La mauvaise nouvelle est que tant de gens ne comprennent pas ce que sont leurs droits et leurs libertés, étant convaincus que lorsque cinq gars à télévision disent quelque chose, non seulement cela est vrai, mais miraculeusement cela fait force de Loi. Non, ce que ces types disent à la télévision même s’ils s’appellent Macron cela ne fait pas force de Loi et n’est pas une REGLE de notre société.

Notre société s’appuie sur un corpus de Lois dont la hiérarchie s’établit ainsi : d’abord au sommet les Droits Fondamentaux Naturels et Inaliénables garantis par les Textes Internationaux dont la Charte des Nations Unies et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et tous les Pactes relatifs aux Droits Humains dont l’ONU a la garde.

Le droit à la liberté, la vie, la sureté, l’inviolabilité du domicile, de la vie privée, l’interdiction de la torture sont les droits fondamentaux que chacun devrait avoir accrochés dans son cœur et dans son cerveau quand il entend un quidam lui dire que « l’état d’urgence sanitaire interdit de sortir de la maison et que la police peut venir vérifier combien de personnes sont à table ». Ces pseudo « mesures Covid » sont simplement interdites par la Loi et sont donc de graves violations de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

La DUDH pose aussi dans l’article 13 que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». C’est cela la base du « droit de voyager »[1]. Naturellement, le second étage du Corpus est notre Constitution dont le fondement et la partie la plus importante est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ainsi que le Préambule de la Constitution de 1946 qui fait partie de celle de 1958[2]. Ce « vieux texte » comme disait un internaute peu avisé, est ce qui fonde le fait que nous n’avons pas besoin de l’autorisation de Castex ou de Macron pour avoir le droit de vivre. Article 2 : « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ». Gardez cela à l’esprit lorsque Castex vous dit que le coronavirus vous interdit de franchir le seuil de votre maison, de marcher dans la rue ou de respirer sans bâillon. Ainsi notre Constitution commence ainsi : « Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République ».

Partant de là, toutes les Lois, décrets et circulaires ministériels doivent être en accord avec la Constitution et s’ils ne le sont pas ou que leur interprétation n’est pas claire, ce sont toujours les « droits inaliénables et sacrés » qui priment. Il n’y a aucune « urgence sanitaire » ou autre « urgence » qui limite les Droits Fondamentaux par aucune circulaire ministérielle. Aucune « loi d’exception » pondue en urgence par 5 individus dans une Assemblée Nationale vide n’est supérieure aux Droits Fondamentaux. Il n’y a PAS d’Etat d’urgence sanitaire prévu dans notre Constitution. Combien de fois faut-il le répéter ? Partant de là, et comme le gouvernement sait très bien qu’il viole la Loi, une arrestation de quelqu’un qui voudrait « quitter son pays » est une arrestation arbitraire. De même le gouvernement n’a pas le droit d’empêcher un citoyen de revenir dans le pays dont il a la nationalité. Le faire est un très grave abus de droit. Le bannissement n’existe plus dans notre civilisation depuis que l’Etat moderne s’est constitué en Souverain. Le bannissement comme l’arrestation arbitraire sont des instrument de la Tyrannie, laquelle est interdite par Notre Constitution. La Résistance à la Tyrannie est prévue aussi bien dans notre Constitution que dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

L’Etat souverain s’est constitué difficilement sur la base de la définition d’un pouvoir unique sur un territoire délimité par des frontières. C’est la paix de Westphalie de 1648 qui pose les prémisses juridique du Territoire et de la Frontière. La souveraineté est depuis définie comme un pouvoir sur un territoire à l’exclusion d’un pouvoir d’autrui sur ces territoires. En clair, les Etats s’engagent à ne pas s’immiscer dans les affaires de l’autre, de semer le trouble, de payer des ennemis internes pour détruire le voisin de l’intérieur[3]. Depuis les Révolutions de 1789 et la difficile lutte pour la Démocratie et la République, c’est le peuple qui décide de sa souveraineté et gère son territoire.

« Constitution du 4 octobre 1958 : « Titre premier – DE LA SOUVERAINETÉ ARTICLE 2. La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Un Etat est souverain sur son territoire lequel est délimité par des Frontières. Cette souveraineté et ces frontières sont valables si elles sont reconnues par ses pairs, les autres Etats. C’est le fondement de la RECIPROCITE, base du droit international et du fonctionnement de la diplomatie. C’est pour cela que la reconnaissance internationale par les autres Etats est si importante lorsqu’une Nation souhaite créer un Etat et crée, accède à ou arrache son indépendance. Aujourd’hui c’est l’adhésion au système et à la Charte des Nations Unies qui garantie cette indépendance et donne aux Citoyens de cet Etat la sécurité que leur droits fondamentaux seront respectés par leur semblables, les autres humains du monde organisés dans le système. Voilà pourquoi les frontières ne sont PAS une interdiction de voyager et pas même un obstacle à franchir. Les frontières de mon Etat sont aussi celles de son voisin, je dois donc faire en sorte que mon Etat s’entende avec son voisin pour que je puisse voyager chez le voisin. En vertus du principe de reconnaissance réciproque, les règles du franchissement de la frontière devront être clairement établies, valables pour tout le monde et identiques pour les citoyens de ces deux Etats. Les Etats régulent depuis des centaines d’années leurs relations par des traités bilatéraux qui ont force de Loi sur leur territoire respectifs. Ces traités sont valables tant que d’autres traités ne les ont pas remplacés (de la même façon qu’une Constitution vieille de 200 ans est toujours valable même à l’ère du  vaccin ARN et du traçage par portable si elle n’a pas été remplacée par une autre).

Pourquoi j’écris ce qui ressemble à un cours d’éducation civique pour enfants de 12 ans ? Parce que je vois que mes concitoyens contemporains ont tout oublié de ces bases ou même n’en ont jamais rien su, convaincus que Macron a le droit de vie et de mort sur eux ou que l’Union Européenne leur a « donné le droit de voyager » et que maintenant elle le leur enlève en vertu des décisions de Véran et donc qu’ils doivent « rester chez eux ».

« Comment as-tu pu partir en Pologne » ?- Me demandait-on mi-outré mi-admiratif en novembre. «Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et y revenir » – j’ai donc pris l’avion pour y aller puis le bus pour revenir. De même le « Brexit » n’est pas la « catastrophe apocalyptique » que nous brossent les storytellers incultes et semant le mensonge. La Grande Bretagne applique les traités bilatéraux qu’elle a signé de tous les temps de son existence et qui n’ont jamais cessé d’être valables même lorsque l’Union Européenne avait la prétention de coiffer la jurisprudence nationale d’un chapeau de « supranationalité universelle », en réalité illégale. L’Union Européenne n’est en réalité qu’un Traité International entre Etats – actuellement le Traité de Lisbonne. D’ailleurs, que dit l’article 2 du Traité ? « L’Union offre à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans frontières intérieures, au sein duquel est assurée la libre circulation des personnes ». Le Traité de Lisbonne est toujours valable et aucun coronavirus n’a le pouvoir de le suspendre. Le droit de circuler à l’intérieur de l’UE est toujours valable, c’est pourquoi je suis allée en Pologne et j’en suis revenue.

C’est ainsi que j’ai pu aller en Grande Bretagne du 10 au 14 décembre 2020. Après le 1 janvier 2021 la Grande Bretagne et la France sont revenus à une régulation de la circulation entre pays voisins sur la base de traités bilatéraux. J’invite tout le monde à lire au Journal Officiel le nombre de traité bilatéraux anciens encore en vigueur : ils sont innombrables et régulent la circulation des biens et des personnes, les droits des étudiants, des travailleurs, les équivalences de sécurité sociale, le versement de retraites… C’est une mine d’information très rassurante qui nous montre que le « Nouveau Monde » des néolibéraux est un mythe de secte : le monde est toujours fondé sur des régulations juridiques et/ou des traditions anciennes ou modernes mais toujours valables tant qu’elles ne sont pas dénoncées ou annulées. N’écoutez pas la télévision qui vous fait « de l’eau de seltz de notre cerveau » (comme on dit en Polonais). En l’occurrence il est important de se référer directement aux textes de Loi et il est très dommageable et abusif que la France n’est pas publié l’accord qu’elle a signé avec la Grande Bretagne le 24 décembre 2020 après son blocage du port de Douvres. L’ère des traité secrets devrait être révolue !


[1] https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/

[2] Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 – Légifrance (legifrance.gouv.fr)

https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789

[3] https://mjp.univ-perp.fr/traites/1648westphalie.htm

Franchir les frontières contre la peur le 10 décembre 2020

C’est peut-être parce que je suis fille de diplomate de la Pologne communiste que je sais que les frontières sont faites pour être franchies – légalement. Mon père a distribué pendant 42 ans des visas polonais et jamais il n’a pensé qu’un visa peut être un obstacle pour aller quelque part car au contraire, selon le droit consulaire le visa est UN DROIT de venir, de franchir une frontière. Dans les années 80, lorsque j’étais adolescente, chaque Etat en Europe contrôlait ses frontières. Chaque Etat avait signé une multitude de traités bilatéraux avec tous les Etats de notre continent qui effectivement forme une seule civilisation. La frontière la plus visible était la frontière des Deux Systèmes, communiste et capitaliste, matérialisée par le Mur séparant l’Allemagne de l’Ouest et la République Démocratique Allemande et entourant l’enclave de Berlin ouest à l’intérieur de la RDA. Mais cette frontière n’était nullement un rideau de fer mythique, elle était quotidiennement franchie. Des touristes, des professionnels, des étudiants, des routiers demandaient des visas de courts ou de longs séjour et voyageaient en train, en avion et voiture individuelle par dizaines de milliers entre l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud. Les pays d’Europe de l’Ouest ont commencé par supprimer les visas entre eux pour faciliter l’industrie touristique au début des années 80, les pays de l’Est ont maintenus les visas ENTRE EUX, mais ces visas n’étaient que des formalités et étaient accordés par des agences étatiques qui facilitaient les voyages. Les Polonais, les Allemands et les Hongrois se rendaient en Yougoslavie et en Bulgarie pour le soleil de la Méditerranée tandis que les citoyens de ces pays venaient skier en hiver dans les montagnes ou visiter les villes polonaises. Le mouvement d’intégration se poursuivait aussi ici par le biais des régulations bilatérales. En 1988 un Polonais pouvait de rendre sans visa en Grèce, en Autriche, à Berlin Ouest, en RDA, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie pour un court séjour et les Polonais ne s’en privaient pas. L’enjeu était plutôt de forcer notre Etat à nous laisser garder notre passeport « à la maison » alors que le système communiste voulait se réserver d’accorder ou de refuser le droit au passeport, donc de contrôler le droit de sortir et de rentrer au pays du citoyen. La première chose que j’ai faite alors que j’ai eu 18 ans révolus en mars 1989, fut de demander mon passeport et de le « garder à la maison » selon la formule consacrée à l’époque.

Port et canal de la Manche à Douvres, l’entrée de l’Europe occidentale, la frontière maritime la plus fréquentée au monde

Depuis j’ai traversé maintes frontières puisque l’Europe occidentale fut pour les Européens de l’Est une frontière très difficile à franchir jusqu’en 1992, jusqu’à la signature du protocole additionnel de Schengen. De 1989 à 1992 un Polonais devait prouver qu’il possède 500 FF (80 Euros ) par jour pour juste un séjour touristique de 10 jours en France (ce qui était une somme très importante) et une attestation d’hébergement signée par un Français. Gare à lui s’il dépassait d’une journée son séjour en France : il risquait un tampon d’interdiction de séjour dans son passeport à la sortie du pays ! Ce sont les conditions avec lesquelles je suis venue en France en 1992, comme tant d’autres Européens de l’Est mais nous ne nous en plaignions pas : il nous semblait naturel qu’un Etat souverain contrôle ses frontières. Cependant nous aurions voulu que la règle de réciprocité s’applique aussi aux ressortissants français. Mais nos pays étaient faibles, en passe d’être colonisés et distribuaient aux ressortissants français généreusement des cartes de séjour alors que la France refusait nos demandes de visa long séjour et nous attribuait en réponses à nos demandes des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire – des expulsions) et ce jusqu’en 2005. Je sais de quoi je parle, j’ai été étudiante étrangère avec carte de séjour sans droits et précaire, puis sans-papiers, de 1992 à 2001.

Pour moi la façon dont je peux traverser une frontière est le baromètre de l’état réel des relations entre les deux Etats voisins. C’est pourquoi il est si important d’éteindre sa télévision et de prendre l’avion, le train, le bus, la voiture ou le vélo et partir tester la réalité du terrain, la réalité des relations politiques. Le 10 décembre 2020 j’avais testé les relations franco-britanniques en prenant l’avion de Charles de Gaulle pour Londres. L’aéroport était désorganisé par la multitudes de gens voulant quitter notre pays alors que des terminaux entiers avaient été mis hors d’usage et que le RER B si bondé en temps normal était désert. Il faut dire que l’air est devenu irrespirable dans notre pays avec ces « confinements » « interdiction de sortir sans aussweis » et « masque obligatoire partout, pour tout le monde et en tous les temps ». Le comptoir d’enregistrement de British Airways était rempli d’Anglais distingués et plutôt âgés qui avaient choisis notre pays comme lieu de résidence pour son art de vivre et sa sécurité sociale… Les deux sont morts aujourd’hui. Les hôpitaux sont désormais des lieux mortuaires que toute personne de plus 55 ans doit impérativement éviter si elle est malade sous peine d’isolement « covid » et de mort subite sans que ses proches puissent la défendre. Quant à l’art de vivre, vous savez ce qui se passe dans nos villes vidées, désertifiées avec la fermeture brutale et abusive des cafés, des restaurants, des lieux de cultures, des associations, des réunions publiques, des lieux de cultes, des partis politiques etc. etc. La liste des interdictions est longue comme le jour sans pain du serf d’avant 1789.

Les vieux Anglais rentraient dans leur pays chargés de lourds bagages alors que de jeunes Français prenaient l’avion pour l’Asie, le lieu de l’avenir où d’ailleurs on ne porte pas de masque, n’en déplaise à nos amis de gauche qui pensent faire « plus chinois que les Chinois » en nous imposant la muselière à la mode.

L’avion était plein mais le voyage très court et agréable, je voyais la terre continentale finir, le bras de mer grise s’étalait pendant 10 minutes et voilà que déjà nous atterrissions dans le brouillard à Heathrow après avoir survolé le château de Windsor qui jouxte l’aéroport international. L’aéroport m’a semblé immense, aussi grand que celui de Pékin et assez luxueux. Les voyageurs riches ou de classe moyenne supérieure mondialiste du Commonwealth m’ont rappelé combien depuis 1 an je cotoie les classes les plus pauvres, les travailleurs migrants dans les Flixbus, les migrants est-européens justiciables dans cette « Westminster Magistrate Court » ou Assange est « jugé », le public de marginaux et de SDF logés dans les foyers du quartier autour du tribunal et venant assister aux « manifestations » de soutien à Assange.

Un jeune couple très classe imposant de force un masque à leur enfant de 2-3 ans m’a particulièrement déplu: ils arboraient l’outil sur leurs visages si fièrement que cela ressemblait à nouveau statut social, une publicité criant « regardez, nous sommes le nouveau monde corona ». Mais la vraie frontière franco-britannique était en réalité très accueillante. L’homme en uniforme de police aux frontières était sans masque dans son box. Il a répondu à mon sourire et m’a demandé pourquoi je ne me suis pas enregistrée au contrôle automatique réservé aux « ressortissants européens ». J’ai répondu spontanément « Parce que je préfère les humains aux machines » ! Pas d’autre question. Il m’a souhaité un très bon séjour !

Vivre la Liberté à Londres en décembre 2020

Devant la Westminster Magistrate Court le 11 décembre 2020

Ce bel accueil m’a donné bien du bonheur et du courage ! Dès ma sortie du métro et ayant sans difficultés intégré un bel hôtel à Paddington, j’ai jeté aux orties le masque bâillon et je suis partie faire une longue ballade le nez au vent au nord de Paddington- Abbey Road avec les fameux studios, Finchley Road avec les petites maison dont la Maison de Freud  et le Tavistock and Portman Center. J’ai photographié et filmé les pubs et restaurants ouverts pour bien montrer qu’on vivait normalement ici et que personne n’avait peur d’un covid. Dans un pub j’ai savouré mon cocktail comme un évadé de prison et j’ai photographié avec autorisation la joie de vivre des jeunes y discutant. Le lendemain j’étais à 6 heures du matin la première devant la porte de la Westminster Magistrate Court, fatiguée mais confiante. Julian Assange doit encore se présenter à la détention provisoire, il faut y être, toujours, sans exception, pour montrer qu’on ne lâche pas.

Pub ouvert le 10 décembre 2020 à Paddington
Prendre un verre à Finchley Road le 10 décembre 2020
Respirer sans masque à Londres en décembre 2020

Le lendemain, après l’audience décevante mais comme toujours instructive (voir 2ème partie), j’avais réussi à refaire une très longue ballade dans le quartier de Islington dans le nord de Londres. Je voulais à tout prix marcher longuement pour profiter de l’air sans masque et du bonheur des gens de vivre normalement. Dans ce quartier habitent des classes moyennes bobos mais aussi des classes populaires d’origine migrante dans de jolis HLM en briques disposés dans des jardins. C’est comme un espèce de Montreuil. Je voyais les jeunes Britanniques en groupe dans la zone piétonne se rencontrer en s’embrassant, en riant, manger au kébab ensemble, puis danser dans la rue et deviser en écoutant de la musique à fond…. Je voyais les enfants jouer partout gaiement, les parents se promener en discutant et préparant les courses de Noël…. Et je pensais aux enfants français étouffant sous le masque 10 heures par jour, aux jeunes s’étiolant enfermés chez eux sans aucun contact que l’ordinateur…

Pub de jeunes avec musique à Islington le 11 décembre 2020
Islington le vendredi soir 11 décembre 2020

Je n’en crois toujours pas mes yeux qu’on accepte une pareille tyrannie et destruction de la Nation, du Peuple, de notre AVENIR sans réfléchir. Au pays des Droits de l’Homme on détruit avec acharnement la vie des Enfants! Dans un modeste pub de quartier j’ai passé des moments euphoriques à boire une simple bière, écouter de la musique et regarder des jeunes jouer au billard. A Londres, ce jour-là, 11 décembre, j’ai senti la Liberté comme jamais je ne l’ai sentie depuis 1991. Et j’ai encore une fois compris que la Liberté a toujours été mon moteur premier. La liberté de ne pas être enfermée dans la maison de mon père, la liberté de ne pas être enfermée par un système. Celle de ne pas être pauvre et privée de droit. Celle de vivre dignement. Tous ceux qui s’étonnent que je sois aujourd’hui contre la dictature covid et que je ne considère pas le régime chinois comme notre modèle (c’est une autre question de savoir si « le régime chinois » est bien celui qu’on nous présente…) se sont mépris sur le sens profond de mon action et de mes choix politiques. La Liberté est la condition de toute action politique. Sans elle nous ne choisissons pas même la lutte pour la Justice. Sans elle nous ne sommes plus des êtres humains.

Restaurant ouvert à Islington le 11 décembre 2020

Alors que la police en France frappait dans la rue sans pitié les citoyens devenus serfs dans leur propre pays, à Londres j’ai été le témoin d’une scène qui m’a transporté de joie : au détour d’un carrefour, une voiture accidentée était arrêtée au milieu de la rue avec derrière elle une voiture de police municipale. Instinctivement j’ai cherché à fuir, comme je le fais maintenant dans ma ville de Paris dès que j’aperçois un uniforme des forces de l’ordre. Puis je me suis raisonnée : pas de masque obligatoire, je n’ai aucune raison de me sentir coupable. Je me suis approchée pour traverser la rue. Alors je vois que l’auteur de l’accident est un grand gaillard totalement ivre qui bredouille dans un Anglais approximatif teinté d’un fort accent ukrainien « je vous assure Madame que je suis coupable oui ! Je ne dois plus jamais boire ! Vous avez eu raison de m’arrêter ! Amenez-moi en prison ! J’aime ma femme et mes enfants mais je dois arrêter de boire ! » Je vois aussi la jeune policière blonde soutenir le grand gaillard par le bras et lui dire doucement  « ne vous inquiétez pas, on ne va pas vous conduire en prison, mais à l’hôpital ou vous serez soigné », tandis que ses deux collègues discutent calmement comment évacuer la voiture de la route. On était vendredi soir, l’homme était ivre mort, il avait provoqué un accident et il n’avait pas peur des flics ! Si les migrants de la dernière vague ont une telle foi dans la justice du système britannique, alors oui, ce pays a de l’avenir ! Et pourra reconstruire une souveraineté !

Certes, cette scène se passait à Islington alors qu’à la gare de Charing Cross ou j’ai pris le train pour Douvres, la politique était déjà différente car menée par une autre municipalité : même si les boutiques étaient ouvertes et la foule dense pour les emplettes de Noël, le masque était sévèrement imposé à la gare et dans les commerces tandis que les grandes enseignes propriétaires des restaurants exigeaient le traçage par application. N’ayant aucune envie que l’Imperial College of London gérant la National Health Administration (Sécu anglaise) sache ou je mange et ou je vais aux toilettes, je me suis assise par terre comme à Paris avec un café à emporter. Puis j’ai pris le train et je suis arrivée dans la petite ville de Douvres à mon petit hôtel coquet et confortable devant la gare.

Hotel à Douvres le 12 décembre 2020

Douvres ou l’oppression des pauvres

Là ce fut une autre paire de manches : je suis sortie le soir à Douvres et j’ai marché vers le centre-ville, vers l’imposant château de Henri Plantagenêt et le front de mer. J’ai trouvé la ville inhabituellement calme et déserte pour un samedi soir. J’ai remarqué un restaurant indien ouvert et j’y suis entrée. Dans un petit vestibule un homme m’a expliqué que l’état « corona » avait été déclaré dans la région et que seule la vente a emporter était autorisée. L’homme m’a vendu la nourriture fort cher et il m’a fait attendre dehors dans le froid comme si ma seule présence amenait la peste dans son établissement. J’avais envie de le planter là et de partir mais il n’y avait effectivement rien d’autre à manger dans la ville et tous les autres pubs et restaurants étaient fermés à double tour.

Douvres, le Château le 13 décembre 2020

En rentrant j’ai croisé pour la troisième fois la police qui faisait le tour de la petite ville. J’ai allongé le pas pour m’enfermer à l’hôtel, retrouvant mes réflexes de la France sous dictature : trouver ou me dissimuler, chantier ou buisson pour ne pas devoir risquer la violence arbitraire des flics. Car oui, je sais traverser les frontières mais je suis comme tout le monde face à la violence de la police : j’ai peur et j’essaye de les éviter. Ce que je voudrais c’est NE PAS DEVOIR AVOIR PEUR d’EUX. C’est de vivre en démocratie ou les policiers respectent mes droits et les Lois. Brusquement vers minuit, alors que les rues restaient désertes, des voitures ont convergé vers la campagne, vers ce qui devait être des soirées privées dans les maisons. Tant mieux, que la jeunesse s’amuse, dans ce monde de brutes, on a besoin de VIVRE !

Monter au Château de Douvres

Le lendemain j’ai dû faire face au fameux lockdown de la région du Kent : dans le centre-ville de Douvres il y avait encore une librairie, un magasin de jouets, une boutique de souvenirs ouverts mais les propriétaires ne savaient plus quoi faire de leur marchandise, seuls les supermarchés du pauvre à 1 livre faisaient recette. J’ai trouvé un petit café qui vendait de copieux petits déjeuners anglais et j’ai été heureuse de pouvoir discuter avec le propriétaire, un Indien très accueillant qui m’a aussi permis d’utiliser ses toilettes. Pour lui comme pour les habitants de Douvres, le covid est une pure connerie politique avec laquelle les riches grugent et oppriment encore plus les pauvres. Mais il incriminait le gouvernement britannique en bloc sans pouvoir expliquer le rôle de la municipalité de Douvres qui, dirigée par des travaillistes très covidiens, surajoute en interdictions, règlements et menaces policières dans une ville qui a pourtant besoin du tourisme pour survivre. La propagande Covid était omniprésente à Douvres sous forme d’affiches et de panneaux lumineux alors qu’à Paddington et Islington, à Londres au même moment, il n’y avait même plus de masques dans de nombreuses boutiques ! L’homme croyait aussi fermement que le vaccin allait arrêter la folie et je n’ai pas pu le mettre en garde contre cette croyance qui lui permettait sans doute de tenir. Il m’a même permis de m’asseoir et a accueilli dans sa boutique une vieille voisine venue simplement causer… Le café, ça sert à se rencontrer, pas seulement à se réchauffer en hiver et consommer. C’est bien pour cela que la secte covidienne veut détruire la notion de lieu de rencontre.

Le Château de Douvres

Après avoir mangé mon petit déjeuner sous la pluie sur un banc, j’ai fini par monter visiter le superbe château des Plantagenêts, construit du temps des Normands pour se protéger de la France. Le château a toujours été le « gardien de l’Angleterre » et ses fortifications ont servi contre le blocus de Napoléon et ont été améliorées continuellement. C’est d’ici qu’ont été victorieusement renvoyées vers le continent les premières bombes trans-manches de la « grosse Bertha » allemande qui avaient réussi à atteindre l’île. Le château de Douvres est aussi connu pour avoir été le quartier général de l’évacuation de l’armée britannique des plages de Dunkerque, d’une France en déroute, du 21 mai au 4 juin 1940[1]. Cette opération magistrale, appelée « Bataille de Dunkerque » est considérée comme une victoire par les Britanniques et comme une défaite par la France, dont pourtant les soldats ont pu éviter la captivité en étant évacués en Angleterre par la flotille des « Little ships », les « petits bateaux », bateaux de pêche et de commerce qui ont participé à l’opération militaire. Elle a été justement organisée et dirigée à partir du quartier général situé dans un souterrain à l’intérieur de la falaise sous le château de Douvres. Le souterrain qui comporte un hôpital équipé se visite habituellement. Du haut de la falaise on peut voir la côte française et du port, en contrebas, on distingue les fenêtres et les aérations des installations militaires à l’intérieur de la falaise. Je contemple la magnifique vue vers la France derrière le bras de mer le plus fréquenté au monde et je regrette de ne pas pouvoir visiter le souterrain haut-lieu de l’histoire des luttes héroïques contre les nazis. La folie covid empêche les voyages, le tourisme, la connaissance, ferme les musée et les bibliothèques.  Je suis la seule touriste, seuls quelques habitants promènent leurs chiens sur le site du château. Les employés sont obligés d’inscrire mon nom sur un registre électronique pour retrouver ma trace en cas de covid, ils s’acquittent de leur tâche de traçage mais ne cachent pas qu’ils voudraient tous retrouver une vie normale.

Phare romain et église normande du 11 siècle au sommet de la Falaise de Douvres

Ce que je retiens est que le château gothique de Henri II Plantagenêt est autant un phare gardien qu’un pont vers le continent (d’ailleurs la partie la plus ancienne du château est un magnifique phare romain très bien préservé), la France et l’Angleterre ont bien une histoire et une civilisation commune et le passage de Douvres n’est fermé qu’en temps de guerre.

La forteresse anglo-normande côté ouest

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Dunkerque

Douvres, immeuble des années 1945-55 au front de mer
Maisons stylées sous la falaise vers le port à Douvres – au dessus sont visibles les installations militaires dans la falaise

Je descends à pied doucement de la falaise vers le port. Je longe une série de hauts HLM en brique surplombant le front de mer, exemple intéressant d’une architecture sociale innovante après la guerre. Une armada de camions me dépasse et fonce vers les ferries déjà en attente au quai. A ma gauche les petites maisons blotties sous la falaise spectaculaire, à ma droite la mer.

Maisons blotties sous la falaise près de l’entrée du port de Douvres

J’arrive au bâtiment « Port Authority » qui est aussi la gare maritime. Un panneau indique aux cyclistes qu’ils doivent continuer à pied pour entrer dans le bateau. La gare est un grand hall sous le panneau « foot passenger », avec un café fermé, des toilettes et des bureaux. Elle est déserte sauf un homme seul derrière un guichet. Je lui présente mon billet payé sur internet. Il me demande pourquoi je n’ai pas de véhicule. Je suis décontenancée, je lui dit que je suis un « foot passenger ». Certes, en achetant le billet sur internet j’ai vu qu’il fallait indiquer obligatoirement une voiture, un camion ou un vélo, mais je pensais que l’entreprise veut juste gagner plus d’argent, j’ai donc coché « vélo », me disant qu’à vélo ou à pied c’est pareil, après tout on est bien obligé de laisser son vélo dans la soute et on monte dans le ferry à pied ! Mais voilà que le bonhomme me refuse l’accès ! Il me dit que sans vélo je n’ai pas le droit de monter dans le bateau ! Qu’avec un vélo je n’ai pas le covid, mais si je suis sans vélo je vais leur amener le covid !

Entrée de la gare maritime à Douvres avec l’indication « Foot Passenger »

Cela semble totalement absurde et j’essaye de le raisonner logiquement. Quel importance d’avoir un vélo puisque de toute façon il faut le laisser dans la soute, comme il est indiqué sur le panneau en face: « cyclistes, descendez de vélo et marchez à pied jusqu’au deuxième pont du ferry » ? Je m’énerve, j’argumente que j’ai payé le billet, qu’ils ne me rendent pas l’argent… Je désespère, comment vais-je faire pour rentrer à la maison ? Je lui demande qui a imposé des règles aussi absurdes, dont on n’est avertis nulle part car l’enseigne « foot passenger » est toujours en bonne place au-dessus de l’entrée de la gare ? Le bonhomme refuse de me parler, il ne veut pas me donner un numéro de téléphone d’un supérieur, me renvoie évidemment sur internet. Renvoyer à des sites internet où il n’y a aucune information valable est la meilleure parade des petits chefs anno domini 2020. La seule information que j’ai réussi à lui arracher est que c’est la compagnie de ferries, DFDS, qui a pris la décision d’interdire les passagers à pieds et que cette interdiction absurde est en vigueur depuis mars dernier, le premier lockdown covid et n’a jamais été levée.

« Foot passenger » – les passagers sans véhicules ont toujours traversé la Manche sur le ferry – avant le covid…

C’est pour moi une surprise et un choc, je ne m’attendais pas à ce qui ressemble fort à une forme de blocage de la frontière. Comment trouver une voiture pour passer alors que Flixbus est toujours supprimé, le TGV de Londres coûte 260 Euros et le billet d’avion pour Paris 300 Euros ? Alors que la France est la juste en face, je distinguais la côte de Calais du haut de la falaise ? Je pars chercher de l’aide auprès des vrais autorités – la police. Je traverse le passage routier et je me retrouve dans une aire interdite aux piétons tout près du poste frontière ou d’habitude on nous contrôle avant le ferry lorsque nous voyageons en bus. Des policiers sortent, je cours leur raconter ma mésaventure et demander de l’aide. Ils sont sympathiques. Une des policières, sincèrement préoccupée par ma situation (il pleut, il fait froid, je suis une femme seule bloquée dans le port avec une valise sans pouvoir monter dans mon ferry) m’accompagne pour discuter avec l’homme de l’autorité portuaire. Lorsqu’il la voit avec moi il est obligée d’être plus aimable, mais il n’en démord pas : « C’est la loi, c’est le covid. Pas de passager à pieds. Si elle a un vélo elle passe ». La policière est perplexe, mais elle est visiblement impuissante. Les entreprises privées de transport peuvent refuser qui elles veulent et ce sont elles qui décident des interdictions absurdes covidiennes. Ici je soupçonne que c’est le gouvernement français qui veut casser le mouvement de passager transmanche et c’est pourquoi il a interdit la traversée des piétons qui est la moins chère. Comme Macron ne peut le faire ouvertement, il soustraite ses interdictions aux boîtes privées qui font semblant de faire la Loi, comme Flixbus qui force les voyageurs à faire des tests illégaux à Berlin ou Ryanair qui est sommé de récolter les données de santé sur ses passagers pour le compte du Sanepid polonais[1].

La policière anglaise comprend mon désarroi. Elle me propose d’acheter un vélo sur place (« comme ça vous passez et vous garderez le vélo, ce sera autant qu’un billet d’avion ou de TGV ») ou de trouver une voiture qui me prendra en stop pour la traversée, puisque le covid laisse tranquille les voitures. Pourquoi pas un camion ? Douvres est plein de camions polonais et je finirai bien par trouver un chauffeur polonais obligeant qui m’aidera. C’est une idée. Je retrouve mes souvenirs de mes premiers voyages adultes en Europe – j’ai traversé l’Europe en stop plusieurs fois en 1989, en 1990, en 1991 et en 1992. A l’époque, j’avais 18, 19 et 20 et 21 ans, j’étais étudiante à Varsovie, je n’avais pas d’argent pour payer les billets de bus, ne parlons pas de l’avion qui était un luxe ! J’ai donc fait le Varsovie-Paris chaque été avec des chauffeurs routiers qui déjà se transmettaient les infos via la CB. C’était un monde encore très bohême, sans insécurité. Les chauffeurs routiers étaient des Français baroudeurs, des ouvriers qui avaient choisi ce métier pour bouger et voyager. Certains avaient fait le tour du monde, de longues routes en Asie et en Afrique, ils avaient des choses à raconter, ils étaient politisés. Ils prenaient des auto-stoppeurs pour la convivialité et la conversation, pour ne pas s’endormir au volant. Ils appréciaient ma conversation de haut niveau alors que moi je faisais toujours très attention à ne pas laisser la moindre drague s’installer tout en restant sur le qui-vive. Après tout, je voulais vivre ma liberté, mais j’avais beau avoir fait du karaté, je savais qu’une demoiselle seule avec un homme dans un camion qui fait office de maison pour l’homme, cela peut devenir dangereux pour elle. En 1991 j’ai fait le Varsovie-Paris avec ma cousine Jeanne et on a effectué le trajet aller et retour avec les mêmes routiers sympas. En été 1992, c’est en stop que j’ai migré en France définitivement dans un contexte de crise politique et économique, d’inflation galopante et de destruction de notre vie sociale en Pologne.


[1] Le Sanepid polonais est au départ, depuis sa fondation par la système communiste, une autorité de contrôle de l’hygiène des produits et des services et de leur conformité avec les normes et les Lois comme la Direction Générale de Répression des Fraudes en France. Avec la dictature covid, le Sanepid s’est mué en police des mœurs et de la santé et a obtenu le droit d’enfermer les gens en quarantaine et de les punir avec des amendes – ce qui est totalement illégal et étranger à sa mission première et contraire à la Constitution polonaise

En 2020 dans la mondialisation échevelée l’auto-stop n’existe quasiment plus, remplacé par le Blablacar payant. Mais la situation actuelle modifie encore la donne. J’ai besoin d’aide, pourquoi ne pas essayer. De retour sur la place centrale de Douvres je lance un appel sur les groupes Facebook de Polonais en Angleterre. On me dirige surtout vers les compagnies de minibus qui font les trajets Angleterre-Pologne, mais ils sont déjà partis. Personne ne quitte Londres avant le 17 décembre. Mon cafetier indien sympa m’indique un parking de camion près du front de mer. Je marche sur une longue avenue du bord de mer en longeant des hôtels chers qui semblent à la fois ouverts et fermés – en fait ils doivent accueillir de la clientèle mais prennent soins à ce que cela ne se voit pas de l’extérieur. Il fait froid et humide, j’en ai assez de cette politique qui fait de nous des clochards qui doivent manger et boire dehors, qui n’ont pas où aller aux toilettes, qui n’ont pas où se réchauffer. Mais ce n’est que le début de l’épreuve. Mes amis de Wikijustice me cherchent une autre solution pour éviter de revenir à Londres, Calais est juste de l’autre côté du Channel, à portée de main. Il y a d’autres compagnies de bateaux. Mais acceptent-ils les passagers sans vélo ? Non, tout Douvres est bloquée. Pas de véhicule, pas de passage.

Je reviens vers le centre commercial dans le centre. Et si j’achetais un vélo ? Mais à part des épiceries bon marché, un magasin de vêtements et un drugstore de cosmétiques, il n’y a rien dans cette petite ville qui sent la désolation et la stagnation économique. Le vaste office de tourisme de la place centrale est fermé à double tour. Les touristes sont priés de ne plus revenir, le tourisme est décrété mort par la municipalité travailliste. Mesurant qu’acheter un vélo dans une ville que je ne connais pas est mission impossible, je repère sur Google ce qui ressemble à un grand parking de camions, le lieu ou les chauffeurs se restaurent et prennent leurs pauses obligatoires. Je me renseigne auprès d’un taxi qui accepte de m’y emmener. C’est à 10 kilomètres dans une zone d’activité en amont de la ville.

L’homme est un habitant local âgé, philosophe. Pour lui la fermeture du Channel aux passagers touristes et le lockdown « coronavirien » est une guerre menée par l’opulente capitale aux provinces pauvres. Pendant que Londres s’amuse, les régions sont asphyxiées et appauvries sous le prétexte covid. Pour lui il n’y a pas de malades dans la région, le chiffre des morts est un mensonge et ceux qui sont morts avaient forcément d’autres maladies pour lesquelles ils ne sont que très mal soignés depuis la privatisation du système de santé. Je lui redis qu’il a encore de la chance de ne pas subir le couvre-feu, la destruction totale de la vie sociale et le masque obligatoire partout y compris pour les petits enfants, comme nous qui souffrons beaucoup en France. Il écoute mes informations et se demande à haute voix si Macron et Johnson ne se sont pas entendus pour opprimer le petit peuple avec leur « putain » de covid… C’est une opinion très Gilet Jaune, il est d’ailleurs admiratif de notre mouvement et estime qu’il en faudrait ici…

C’est un échange instructif et agréable. Pour la modique somme de 9 livres il m’emmène dans une banlieue ou je me retrouve devant un vaste parking clôturé ou sont stationnés des centaines de grands camions. Il y a une petite buvette où les chauffeurs peuvent se restaurer, mais je m’aperçois vite que la grande grille surveillée par des caméras et la clôture hérissée de piques rappellent plutôt les centres de rétention de migrants ou de prisonniers qu’un lieu de halte convivial. Je ne me trompe pas. A peine me suis-je approchée de la clôture qu’un Anglais blanc revêche sort d’un bâtiment, m’intime l’ordre de partir et me menace de poursuites policières si je n’obéis pas. On dirait un garde chiourme d’esclaves alors qu’il est visiblement lui-même un prolétaire. Je lui explique poliment ma situation, je voudrais juste parler à un routier polonais pour lui demander de traverser avec son véhicule. Je ne veux pas forcer le passage, je lui demande de l’aide. Peine perdue. L’homme m’ordonne de déguerpir, mais lorsque j’insiste en soulignant que je suis seule et désespéré, il me dit d’aller voir si plus loin des routiers polonais ne sont pas stationnés. Effectivement quelques 200 mètres plus loin 3 ou 4 camions sont mal garés sur le bord de la route balayée par la pluie d’hiver.

Ils sont tous Polonais. Je frappe à la portière du premier. Un homme ébouriffé se lève de la cabine du fond et ouvre la vitre. Je m’excuse de le réveiller et nous engageons la conversation. Il est ému par ma situation. Un Polonais ne peut laisser une compatriote femme seule sur la route avec une valise. Il se démène pour me trouver une solution, appelle des collègues. Je lui raconte comment les agents de sécurité anglais m’ont chassé du parking aux routiers. Il confirme « c’est une prison, ce truc. J’évite d’y aller, de toute façon il n’y avait plus de place. Je me suis mis sur le bas-côté de la route et voilà, j’ai 35 livres d’amende à payer ». Il me raconte un peu sa vie, son métier. Il vient de Silésie où il est agriculteur et il arrondit les fins de mois de sa famille avec les transports routiers. « Presque tous les routiers qui passent par Douvres sont Polonais, et tous nous transportons des produits alimentaires. Sans nous les Anglais n’auraient rien à manger » – me dit-il. Justement, il n’a pas encore pu livrer sa marchandise dans un entrepôt à 100 km à l’Est de Londres. Il est ennuyé, il n’a pas l’assurance qu’il arrivera à livrer aujourd’hui. « Au plus tôt ce sera à 20 heures et je suis de retour ici dans la nuit ». Tous ses collègues sont dans son cas. Je prends son numéro de téléphone et je prends congé. Au moins j’ai compris comment fonctionne le commerce transmanche.

Quand les télévisions montreront les centaines de camions bloqués au port de Douvres par la décision de Macron de soumettre tous les routiers au test PCR fumeux, quand je verrai les routiers polonais envahir les autoroutes en protestant contre le blocage les empêchant de se reposer à Noël auprès de leur famille, je penserai très fort à lui et à ses collègues. J’espère leur avoir donné des paroles de réconfort et avoir peut-être un peu stimulé leur révolte.

Sur ses conseils, je reviens vers le parking guetter des routiers qui sortent pour leur demander s’ils prennent la mer. Un Tchèque, des Roumains quittent le parking -prison, mais ils vont livrer. Le gardien me chasse à nouveau. Je commence à lâcher prise, il fait nuit noire, le pluie est forte et j’ai les pieds mouillés et gelés. Je risque non pas le covid mais bien un sévère refroidissement. Je décide d’appeler mon taxi. Mais pour le faire je dois encore demander de l’aide à un chauffeur anglais car mon téléphone ne passe plus dans la tempête qui s’intensifie. Le garde chiourme des travailleurs m’invective pour la troisième fois. Décidément le temps où je négociais mon passage sur les parkings des routiers parait aussi lointain que le néolithique. Les chauffeurs d’aujourd’hui ne sont plus libres de leurs mouvements, de leurs vies, ils sont des forçats. Même si j’en trouve un, est-ce que les flics du port vont m’accepter à son bord ? Et s’ils me font descendre et j’aurais fait tous ces efforts pour rien ?

Calais Douvres même combat

Je suis soulagée lorsqu’au bout de 15 longues minutes le taxi arrive. Vivement quitter ces lieux, je décide de revenir à Londres. Je raconte mon histoire au chauffeur de taxi qui m’approuve. « Rentrez à Londres Madame, je vais vous raconter ce qui se passe ». Il est jeune et d’origine indienne. D’habitude il travaille beaucoup avec les touristes. « C’est une ville touristique. Je vais tout le temps en France. Je vais à Calais, je ramène des clients, ils visitent la ville et le château et je les ramène en France. Parfois je vais chercher des clients jusqu’à l’aéroport de Roissy. Depuis le covid ils font tout pour empêcher les gens de passer. Ils ruinent la ville, la région. Nous avons besoin du passage en France pour vivre. Savez-vous pourquoi ils vous font ça, interdire les piétons de prendre le bateau ? Parce que plein d’habitants de Douvres vont travailler à Calais dans les installations du port. Ou faire les courses ou se promener. C’est à peine 45 minutes de bateau, ils reviennent et voilà, la ville vit de ça. Maintenant c’est mort, il n’y a rien, c’est la misère »  – me raconte-t-il. Il rend le gouvernement Johnson responsable de cette situation tellement il paraît incompréhensible qu’un gouvernement ait décidé sciemment de la mort de provinces déjà mal en point. Mais il est d’accord avec moi que « leur histoire de covid c’est comme une histoire de secte, ils sont devenus totalement fous avec ça. Ils veulent nous tuer en nous empêchant de vivre, en interdisant les loisirs, les sorties, les pubs, les rencontres. C’est inhumain, ils veulent nous détruire ». C’est une politique, car pour lui il n’y a pas de maladie.

Mon jeune chauffeur de taxi me déconseille de rester ici. « Essayer d’acheter un vélo, c’est difficile et ils vont tout faire pour vous empêcher de passer. A la fin de l’été j’ai dû emmener en taxi un Français qui avait un vélo. Mais ils ont refusé son vélo dans le bateau, ils ont dit que son sac était trop gros ! Alors le type a dû prendre le taxi pour passer. Mais cela va vous couter cher car vous payez le taxi à l’aller et puis aussi le retour du taxi en bateau. Ca ne vaut pas le coup ». Effectivement, les puissants de la secte au pouvoir font tout pour persécuter les pauvres, les ruiner, les spolier et les empêcher de vivre, de jouir même de l’air, de les masquer, les bâillonner, les museler, les crever. Les tuer. Le monde est devenu fou.

Nous sommes d’accord sur le constat. Lorsque le taxi arrive à la gare de Douvres, la police est déjà en embuscade. Je décide de partir à Londres. Les flics attendent on ne sait trop quoi et qui sur le quai. Je n’ai pas envie de stagner, je suis soulagée quand le train arrive. Je suis obligée de prendre encore un hôtel près de Saint Pancrace et de rentrer le lendemain en TGV. Le TGV aura couté 220 Euros, j’ai dû demander de l’aide. J’ai aussi perdu une journée de travail ce qui est lourd pour moi. Mais la Liberté de Julian Assange, qui est aussi la Nôtre, est à ce prix.

Je ne peux pas ne pas essayer au moins d’arrêter la persécution. Essayer c’est croire, avoir la foi. Et seule l’action mène à la Victoire. Je dois croire en la Victoire, je reviendrai donc dès que possible pour le 4 janvier. Entre temps Wikijustice aura diffusé sa Plainte Internationale auprès de centaines de députés, de sénateurs, de chefs d’Etats et de cours de justice de nombres pays[1].

 « Dojdiem do Berlina » – « Nous arriverons à Berlin », ainsi se saluaient les soldats soviétiques pendant la guerre. Notre Berlin, c’est faire tomber cette secte de puissants cachée qui l’emprisonne lui et nous opprime nous. « Doszli ». « Ils sont arrivés ». Ce fut le slogan de la Victoire.

D’ailleurs, la frontière bloquée entre Calais et Douvres nous montre bien qu’il s’agit d’une vraie guerre.


[1] https://drive.google.com/file/d/1rCPKk9vdY29H_kaHjqeClvJtQ62_cw7W/view

http://monika-karbowska-liberte-pour-julian-assange.ovh/wp-content/uploads/2020/12/Plainte-Wikijustice-pour-Julian-Assange.pdf

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